Tape à noyer, montée courte, animation et réaction d'éveil .. ............trois circonstances vécues à coup sûr par chacun d'entre nous et dont l'interprétation pose question quant au comportement du poisson
"Monter court" Sans raison apparente, on constate de nombreux ratés au ferrage : le poisson monte à la mouche et ne la prend pas, en faisant un remous caractéristique .., il " monte court ". et refuse! La truite et l'ombre montent selon leur habitude rapidement , apparemment déterminés, mais ils font brusquement demi tour comme "effrayés" en créant un "pseudo gobage" qui trompe et peut amener à ferrer....dans le vide, ..avant de disparaitre définitivement ...encore qu'il arrive que le même poisson fasse ce manège plusieurs fois de suite et parfois même se décide à "mordre vraiment" après plusieurs refus! Le chevesne, lui, selon son habitude, arrive "pépère et soupçonneux "...jette un oeil méfiant, voire donne un coup de museau sans prendre, , hausse les épaules et s'en retourne de son pas de sénateur style "faudrait pas me prendre pour un con"!! Pour quelle raison ce comportement? Sans aucun doute parce que la "curiosité alimentaire " de notre poisson l'amène à venir voir de plus près ce qui lui semble "bon à manger".....avant de réaliser de près ce qu'il ne pouvait voir de loin car le poisson est myope, ne l'oublions pas: ( "son cristallin, non déformable comme l'est le nôtre, est pratiquement sphérique et fait protrusion à travers la pupille pour venir quasiment au contact de la cornée: il concentre les rayons visuels au maximum et les images ne sont "au point" que pour des objets très rapprochés à moins d'un mètre qui lui envoient des rayons divergents, sinon, au delà, les images des objets qui de loin lui envoient des rayons parallèles se forment en avant de la rétine et sont floues comme chez le myope : le poisson est bien un myope") à savoir qu'il y a "quelque chose qui cloche" d'où le refus: présentation "anormale" ,dragage, bas de ligne trop peu discret, mouche moche ou en tous cas pas la "mouche du moment"......toutes raisons qui l'amènent à "refuser" de près ce plat suspect qui l'avait séduit de loin!! Avant
d'abandonner, il importe d'insister un peu.., pas trop longtemps, de changer
de modèle ou de taille de mouche, d'allonger ou d'affiner sa pointe....... Il me souvient d'avoir subi sur le Tarn en aval de Sainte Enimie une série de tels "refus" ...suivis de l'humiliation d'entendre mon compagnon de pêche intéressé par mon apparente maladresse à ferrer....m'annoncer, après avoir vérifié ma pointe, que mon hameçon était cassé.......honte à moi....10 ans après cet épisode que j'aurais aimé oublier.....il me le remet en mémoire règulièrement......c'est ça les amis!!
" Tape à noyer"
Il agit
surtout avec sa queue, mais aussi avec sa tête, comme
s'il voulait frapper . Pourquoi?? Chacun d'entre nous a, là encore, vécu cette situation et j'ai le souvenir précis de ma première expérience de ce type à mes débuts, il y a bien longtemps hélas, sur le Breuchin au lieu dit "La lie aux moines" :... ....sur
un gobage curieux car très violent d'un poisson entièrement sorti
au dessus de l'eau....j'avais ferré.....pendu...!
En 2013 en Slovénie , sur la Radovna lors de la première journée de Pêche le 16/09 je vois sauter hors de l'eau sur ma mouche une petite fario qui tire beaucoup pour un poisson de cette taille ...et je constate qu'elle est en fait piquée par la queue , et ensuite lors de la dernière après midi de pêche sur la haute Idrijca, une arc bondit au dessus de l'eau comme une folle sur ma sèche à 20 mètres...ferrage....j'ai du piquer un sous marin..car j'ai du mal à ramener ce poisson qui me reprend systématiquement le fil que j'ai récupéré en "pompant" et J'appelle Jean Pierre qui pêche 100m aval...car il a une épuisette et moi pas ..pour sortir ce monstre qui s'appuie sur le courant ...mais finalement après avoir réussi à le rapprocher.....je constate qu'il ne s'agit que d' 'une arc d'une quarantaine de cm piquée par la queue.....ce qui lui confère une puissance bien supérieure à celle qu'elle aurait offerte piquée par le bouche...classique..!
La
seule chose dont on puisse être sûr dans ces circonstances...c'est
qu'il y a un poisson "actif"....et c'est déjà bien!! Animation et réaction d'éveil .. Si dans les deux circonstances précédentes, c'est le poisson qui nous a "couillonnés" , il est une circonstance où nous pouvons nous venger Une grenouille ne saisit jamais une mouché immobile, il faut un déplacement pour que la réaction de préhension se déclenche. (H. PIÉRON) Il est des jours où le poisson semble indifférent aux insectes emportés par le courant et ne gobe ni insectes ni mouche, mais se "réveille" lorsque délibérémént le pêcheur anime sa mouche, et l'on parle alors de " réaction d'éveil spontanée." induite par le mouvement! "...La
Truite a également une excellente perception du mouvement qui dépend de la richesse
de la rétine en photorécepteurs et de la persistance dans le temps de la vision
qui conditionne le haut degré
de sensibilité au mouvement." "Pour tout ce qui est en mouvement habituel, régulier sur ou dans l'eau courante, le poisson ne réagit pas, il le prend sans hâte, il se nourrit normalement suivant ses besoins, avec les gestes nécessaires. Son comportement n'a rien ni de remarquable" (P.Carrère) Par contre le mouvement différent du seul déplacement dû au courant, peut produire une "réaction d'éveil " qui entraîne la poursuite et le gobage, il en est ainsi du stripping-relâcher par lequel le leurre remonte le courant comme l'insecte en mouvement qui se débat en surface , le trichoptère qui traverse la rivière en coupant le courant,car si, parfois, la mouche qui drague effraye le poisson qui "refuse", il peut arriver qu'au contraire elle l'incite à "mordre" Il en est de même pour le chat adulte qui poursuit la souris en mouvement et l'abandonne dès qu'elle s'immobilise(elle connait le truc car elle "fait le mort"), sans la tuer ni la manger lorsqu'il n'est pas affamé, pour reprendre la poursuite dès qu'elle tente de s'échappe à nouveau Une expérience personnelle, quasi expérimentation de laboratoire tant les conditions étaient favorables ce jour là sur les réservoirs de Montselgues très fournis en poissons habituellement très mordeurs, m'a convaincu lorsque assez inexplicablement aucun poisson ne montait plus sur ma mouche qui se balançait au rythme des vaguelettes sous un vent soutenu! J'ai
alors vu arriver goguenard mon compagnon de pêche qui à 5m à
ma droite se mit à prendre un poisson par minute......et répondit
à mon interrogation qu'il me fallait "animer ma mouche"...ce
que je n'avais jamais fait et ne savais pas faire..! Inexpérimenté, j'ai parfois inconsciemment arrêté le mouvement alors que la torpille arrivait.....pour s'arrêter aussi et disparaître... Intrigué, j'ai posé la mouche sans l'animer......rien, je l'ai animée....arrivée d'une torpille......prète à bondir jusqu'à ce que j'arrête le mouvement pour alors disparaître à nouveau alors que la poursuite de l'animation aboutissait régulièrement à une prise! Si
j'ai pu expérimenter ainsi avec autant de précision, c'est parce
que toutes les conditions favorables étaient réunies aussi bien
qu'en laboratoire: La démonstration s'avéra donc parfaitement convaincante ce jour là et dans ces conditions...... Cependant , le tirer-relâcher et son sillage délibéré ne peut être qu'une technique occasionnelle, susceptible d'exciter le poisson qui boude. mais il ne faut évidemment pas généraliser , tout en n'oubliant pas "d'essayer" en cas de besoin......
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