Les eaux noires. C'est
un petit ruisseau que j'aime bien fréquenter. Bien sur, ce n'est pas son véritable
nom, mais je le garde un peu secret, pas par égoïsme, mais plutôt par prudence,
car il ne supporterait pas une affluence trop grande
Eaux noires est un terme inapproprié, car les eaux y sont claires, mais la couleur
du fond et des roches impose cette impression. Inutile
dans ces conditions, d'essayer d'y déceler la présence des farios, ce serait peine
perdue. Seule technique intéressante dans ces lieux obscurs et boisés, la sèche.
Même à la belle saison, les gobages y sont rares, ces demoiselles, comme sur bien
d'autres rivières se nourrissent de préférence sous l'eau, mais ne dédaignent
pas de monter sur une mouche bien placée.
Coté mouches, j'ai longtemps
été surpris par le nombres d'artificielles que l'on peux leur proposer avec succès
; maintenant, avec le recul, et à force de pratiquer ces lieux, je suis persuadé
qu'en respectant la taille des insectes présents, la mouche elle-même n'a que
peu d'importance, la précision et une bonne dérive suffisent, quand à la grosseur
des pointes, elle n'a que peu d'influence si la présentation de l'artificielle
se fait par léger travers, car comme toutes les truites du monde, elles n'aiment
pas voir un fil de quelques diamètre qu'il soit, leur coiffer le museau. Coté
lancer, dans ces lieux exigus, il est bien illusoire de vouloir pêcher loin,
et les posés de plus de 7m ne sont guère efficaces, et auront plutôt tendance
à faire fuir toutes celles que vous ne pouvez d'ailleurs voir. Une progression
lente, et une prospection minutieuse de toutes les veines d'eau que je nomme "
nourricières " est bien mieux adaptée.
Les coups droits et revers, ne sont jamais verticaux à cause de la végétation
rivulaire, et le lancé arbalète ainsi que le roulé sont autant de gestes à maîtriser.
Quel régal, de voir sa mouche happée à moins de 4 m de vous !!!
Je ris
souvent intérieurement, lorsque j'emmène des collègues moucheurs habitués à de
plus grand cours d'eau ou des botasses pour la première fois sur ce ruisseau.
Leurs réaction à la vue des " eaux noires " se traduit souvent par un " Mais
? C'est impossible de pêcher au fouet ici ! " et plus loin leur indiquer l'endroit
et la coulée à faire, et voir un magnifique raté: " Bon dieu, c'est vrai qu'on
ne les voit pas monter !!! "
Il
est bien entendu que l'on ne prendra pas ici des pneus ou des totoches, mais
le plaisir d'y prendre très régulièrement de jolis dos noirs de 20 à 40 cm dans
un cadre sauvage suffit à mon bonheur. Au
fait, c'est pour bientôt !? Ah, vais-je revoir la truite du frêne cassé que
j'ai eu le plaisir de prendre au moins 6 fois l'an passé ? Et puis celle du roché
moussu ? Et celle de………mince, je les connaîs toutes ou presque, et le fait d'en
prendre une dans une coulée inhabituelle, me réjouit chaque saisons……..sorte de
nouvelle amante.
Mais je parle, je parle, je pourrais bien d'ailleurs
en parler des heures...
Voilà,
c'était "mon" p'tit ruisseau. J'oubliais............. un des plus aguerri moucheur
que je connaisse, l'avait même qualifié d'enfer vert ! Mais, ça ç'était seulement
après avoir perdu dans les branches sa douzaine de palmers ( chers à Bresson )
!
Non
! je n'ai cité personne...... sanfroi
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