Ainsi coule la vie….

 

Il fait sombre. !!

 

On est toutes serrées les unes contre les autres. Les parois sont glissantes et le schiste ralentit notre progression.

Nous arrivons maintenant près d'une strate de grès. Ca ne va pas être aisé de se faufiler là-dedans. Dans le dédale des interstices nous croisons un bloc d'améthyste. Mes doubles se rapprochent de moi et nous ne formons plus qu'un. Nous poussons de toutes nos forces. A droite, à gauche mais nous sommes souvent refoulées par la masse rocheuse à franchir. Pourtant notre avenir est là bas, après tous ces efforts. Nous devons y arriver, coûte que coûte.

Millimètre par millimètre nous avançons.

Millimètre par millimètre nous nous en rapprochons.

Puis voici cette paroi tant attendue. Nous plongeons dans une chute vertigineuse. Où allons nous ? Y aura t'il encore tant d'abysses à traverser avant d'atteindre notre but ?

 

                                                                                        

  

Nous sommes maintenant des centaines......... Puis des milliers........... Des centaines de milliers de pareils.......... Nous glissons les unes sur les autres. Cette lumière nous attire. Serait-ce ce que l'on cherche depuis tout ce temps ?

Je m'en rapproche à grande allure entrechoquant mes semblables à des vitesses impensables. Nous sommes toutes emportées vers ce "là-bas".

 

                                                                                                   Ca y est. Dans un ultime effort nous jaillissons.

                                                                      

                                                              

 

                            

 

 Certaines sont perdues dans la bataille. Elles sont emportées par les vents et recommencent un long périple. Mais moi j'y suis. Un long voyage m'attend. Mais je n'ai le temps de rien. Dans cette nouvelle vie, tout est intense. Les paysages défilent avec une célérité déconcertante..... A moins que ce ne soit moi qui dévale au milieu des paysages avec hâte. Je n'en sais rien. Je n'arrive pas à me concentrer.

 

                                                                              Un enchaînement de chutes me sort de la torpeur agile créée par ces courants.

 

                                                               

 

 

 

Ça se calme. Je rencontre maintenant des roches brunes tapissées de diptères tunnélisés. Ils sortent des griffes et dévoilent des paréos qui filtrent tous les déchets passant à leur portée.

 

                                                                 

 

Plus mon périple dure, plus je sens que nous sommes nombreux. Je m'arrête presque dans une retourne où je croise une colonie de drôles de larves. On dirait que ces existences se roulent dans les branches pour trouver et se fabriquer un refuge.Leurs griffes s'accrochent aussi fort aux rochers que je me laisse dévaler avec plaisir.

 

                                                                                           

 

 

 Un peu plus loin, je reprends de la vitesse dans mon existence fugace. Tout se bouscule. Je suis à nouveau à un seuil critique de mon existence. Je chute. Une de ces chutes vertigineuses qui bouleverse l'ordre des choses. J'explose dans un fracas assourdissant mais je respire à nouveau.

                                                                            

 

                                                                        

 

 

Mes pérégrinations se poursuivent désormais à une vitesse régulière. Je suis attaquée de toute part par des substances qui n'ont rien à faire ici. D'infimes molécules s'incrustent dans mon enveloppe. Je suis bloquée par un mur, je me réchauffe, je m'asphyxie, je me meurs. Après les nitrates, ce sont les phosphates qui m'attaquent.

Je suis cernée de toute part. Je voudrais m'enfuir par le bas mais les boues chargées en métaux lourds rajoutent encore un peu à l'ambiance accablante de cet endroit.

                                                                      

 

                                                                          

 

 

Ma jeunesse dans les montagnes me paraît bien loin.

Je remonte à la surface, je me réchauffe à nouveau, je me meurs, je m'envole ........ Et qui sait ? Peut être qu'un jour je retomberai sur les montagnes et qu'il fera sombre, que nous serons toutes serrées, que les parois de schistes ralentiront notre progression .......                        

                                                                                                                                                           SÉBASTIEN   

 

 

        

                                                                                                              §§§§§§§§§§§§§§§§§§§