Ernest Hemingway: le vieil homme et la mer

 

Un classique INCONTOURNABLE à ne pas ignorer

*Paru en 1952 le vieil homme et la mer précède de 2 ans l'attribution en 1954 du Nobel de littérature à Hemingway
*N° 946 du livre de poche, facile à trouver et pas ruineux, mais plus prestigieux chez Gallimard

                                              

                                                

Le livre

"Le vieil homme part tout seul,sur la mer, dans sa petite barque, à la recherche d'un grand poisson.Le grand poisson mord à son hameçon.Pendant trois jours et deux nuits le vieux luttera contre lui.A la fin, au prix d'efforts incroyables, il en viendra à bout.Le vieux installe sa voile et met le cap sur la terre.au bout d'une heure, les requins arrivent ...........c'est le poème de la pêche au gros poisson, l'histoire du courage humain face à l'adversité thème cher à l'auteur, la victoire dans la défaite, du coeur sur le désespoir..."

Il fit l'objet en 1958 aux Etats-unis d'un superbe film réalisé par John Sturges avec Spencer Tracy: Le Vieil homme et la mer (The Old Man and the Sea )-

                                                                                                                    

L'auteur

né le 21juillet 1899 à Oak Parken Illinois, correspondant de presse à Paris, grand écrivain (Le soleil se lève aussi 1926, l'Adieu aux armes1929....), grand chasseur, grand pêcheur notamment au gros, grand adepte de la corrida (Mort dans l'après midi1932) et de l'espagne (dont la guerre civile inspira son plus grand succès populaire "Pour qui sonne le glas"1940)... Romancier de la mort, "inévitable réalité", il se suicidera en 1961 alors qu'il se sent perdre la vue et la raison!

Mon opinion

C'est la lecture pendant ces vacances de 4 livres récemment parus de pêcheurs connus qui m'a incité, dans ma déception, à revenir aux vrais écrivains et la relecture de Hemingway m'a vite réconcilié avec la vraie littérature. ..écrite avec des phrases simples sans aucun mot inutile par un grand pêcheur.. , qui était surtout également un très grand écrivain.. ..ce qui n'est pas donné à tous les grands pêcheurs, et même s'il ne s'agit pas de pêche à la mouche, quelle leçon de littérature à travers la prise d'un seul poisson.....!!

Extraits :

.........Il l'imaginait nageant dans les ténèbres, le thon planté en travers de la gueule. Soudain le poisson ne bougea plus, mais son poids était là. Le poids devint encore plus lourd et le vieux donna du fil. Pendant un instant il serra la ligne plus fort entre le pouce et l'index: le poids s'alourdit d'autant. Cela s'enfonçait à la verticale. " Il l'a, dit-il. Faut maintenant qu'il l'avale. Et qu'il l'avale bien. " La ligne fila.
Dans sa main gauche le vieux saisit les deux bouts de lignes de secours et les noua à la boude prévue à cet effet sur une troisième ligne. De la sorte il disposait de trois paquets de lignes de quarante toises chacune, outre le paquet qu'il utilisait en ce moment. " Allez, manges-en encore un petit coup, dit-il. Mange, mon gros! Manges-en jusqu'à ce que la pointe de l'hameçon te rentre dans le cœur et que t'en crèves! pensait-il. Comme ça tu remontes sans faire d'histoires -et je te mets le harpon dans la viande. Allons-y. T'es prêt,- maintenant? T'es-t-y resté assez longtemps à table? " Aïe donc! " s'écria-t-il en pompant vigoureusement des deux mains; il gagna un mètre de ligne. Il balançait chaque bras alternativement, aussi haut que possible, pivotant sur lui-même et s'aidant de toute la masse de son corps. Il eut beau pomper tant et plus, rien ne se produisit.
Le poisson s'éloigna lentement et le vieux ne put le hisser d'un centimètre. Sa ligne était solide et faite pour les grosses prises. Cependant, elle était si tendue contre son épaule que des gouttelettes en jaillissaient. Le filin émettait dans l'eau une espèce de sifflement sourd; le vieux halait toujours, s'arc-boutant contre le banc et se penchant en arrière pour mieux résister. Le bateau commença à- se déplacer doucement vers le nord-ouest.................

 

.............. Quatre heures plus tard, le poisson nageait toujours, en plein vers le large, remorquant la barque, et le vieux s'arc-boutait toujours de toutes ses forces, la ligne en travers du dos. " Je l'ai ferré à midi, dit-il. Et je sais toujours pas à quoi il ressemble. "
Quand il avait ferré le poisson, il avait repoussé son chapeau de paille en arrière et le bord de la calotte lui sciait lé front. Il avait grand soif; il parvint à s'agenouiller sans ébranler la ligne et se glissa sous l'avant aussi loin qu''il put. D'une main il atteignit la bouteille d'eau, la déboucha et but quelques gorgées, puis s'accota. Le mât horizontal, entouré de la voile, lui fournit un siège; il s'efforça de ne penser à rien et de prendre sa fatigue en patience. Il regarda derrière lui; on ne voyait plus la terre. " C'est pas ça qui me gêne, pensa-t-iI. Pour revenir j'aurai. toujours les lumières de La Havane. J'ai ençore deux heures jusqu'à ce que .le soleil se couche. Il remontera peut-être avant. Si il remonte pas tout à l'heure, il remontera avec la lune. Si il remonte pas avec la lune, il remontera demain matin. J'ai pas de crampes. Je suis costaud. C'est lui qui a l'hameçon dans le bec, pas moi. mais, bon sang, faut-il qu'il soit gros pour tirer comme ça! Qu'est-ce qu'il le coince, le fer, avec ses dents! Si seulement je pouvais le voir une minute, histoire de savoir contre quoi je me bats.."

                                              La grande rivière au coeur double
                                                                        
( 1998 Mercure de France)

Une des brèves nouvelles dont certaines ont été publiées dans diverses revues du vivant de l'auteur d'autes inédites et qui, réunies, constituent les aventures de Nick Adams , biographie romancée de l'auteur par lui même, éditée en Anglais par Philip Young à titre posthume en 1972, traduite par Marcel Duhamel et parue chez Gallimard en 1977.

 

                                                           

Le livre est un tout petit opuscule d'à peine 35 pages qui relate dans un style toujours aussi pur une partie de pêche de Nick Adams qui reprend contact avec la nature du pays de son enfance au sortir de la guerre.......Quel que soit l'intérêt de ce bref épisode , il ne peut être isolé du contexte qui est parfaitement évoqué par le quatrième de couverture et développé dans
cette analyse à laquelle il n'y a rien à ajouter