Georges-Albert Petit La
truite Le livre: L'Edition originale
de 1897, de ce Grand
classique français d'une extrême rareté peut encore se trouver.......
mais à un prix au dessus de la bourse du pêcheur moyen,
(900 à 1200 euros).... Par bonheur il été réimprimé en 1982 en
fac-similé avec son cachet d’origine aux imprimeries Delmas de Bordeaux
pour le compte des éditions de l’orée, on le trouve encore pour 50 euros
avec un peu de chance
L'auteuru Qui en parlerait mieux que De Boisset dans sonouvrage "Femmes de pêcheurs"...?
Mon opinion Dans le style soigné propre aux auteurs du début du XXème siècle cet ouvrage associe avec bonheur technique, poésie et anecdotes....et son charme un peu désuet fleure bon le parfum d'encaustique des armoires de nos grand mères.... servi par une qualité littéraire indiscutable de l'époque des "rondes et des "déliées" des instituteurs d'antan qui doivent se retourner dans leur tombe à la lecture du langage "SMS" d'aujourd'hui, et agrémenté de délicieuses illustrations d'époque ! A lire absolument, et pour vous mettre l'eau à la bouche, ces quelques "extraits" dont le style ne peut que vous séduire!
*************** "En
dehors des pêcheurs sédentaires et contemplatifs dont le bouchon classique fait
toujours le bonheur, beaucoup demandent aujourd'hùi à ce passe-temps les excitations
d'un sport véritable, d'un sport actif et mouvementé qui exige tout à la fois
l'expérience, la vigueur et la dextérité. Dédaignant la carpe et le goujon, ceux-là
ambitionnent une proie, qu'il leur faut chercher au prix de sérieuses fatigues,
en parcourant de vastes espaces, en battant les rivières pied par pied, comme
le chasseur bat les tailles ou les luzernes. C'est le noble saumon, c'est l'ombre
rapide, c'est la truite bondissante qu'ils poursuivent. **************** Le plus indispensable de tous les accessoires, c'est une épuisette. On en fait de toutes les formes et de tous les genres, et tout fabricant d'ustensiles de pêche qui se respecte a inventé au moins un modèle breveté " le seul commode et portatif"……… Quelle est la manière la moins gênante de porter l'épuisette? Je n'hésite pas à répondre: c'est de la confier à un autre. L'institution des porte-épuisette me paraît précieuse pour les pêcheurs au même titre que celle des porte-carnier est indispensable aux chasseurs……………. Il n'y a pas à se le dissimu1er, l'instruction publique obligatoire a porté un coup à la corporation des porte-épuisette. Le recrutement devient de plus en plus précaire. Les gamins dont la jeunesse vagabonde et contemplative s'écoulait jadis entre la place du village où l'on joue au palet, la lisière du bois où l'on grignote un tas de choses en cherchant des nids, et le bord d.e la rivière si favorable à l'étude des ricochets, ces gamins-là disparaissent. L'école primaire les ravit à la liberté, le pénible travail les dispute à l'insouciante flânerie et dans cette pépinière de futurs braconniers, l'ïnstituteur, grâce à une culture perfectionnée, fait vigoureusement pousser les anarchistes de demain. C'est un progrès, je ne le nie pas, mais la pénurie de porte épuisette et de porte carnier n'en est pas moins le fait que le sage législateur n'avait pas prévu. Pour remplacer ces gamins qui étaient souvent insupportables, mais presque toujours drôles et parfois de bon conseil, il y a bien les ouvriers hors d'âge, qui ne trouvent plus d'ouvrage parce qu'ils ne sont plus bons à rien. Ils sont tristes, lents et pour la plupart très maladroits. ************** Ce
qui caractérise pour moi le temps le plus funeste à notre sport, c'est l'absence
complète de nuages jointe à l'absence non moins complète de brise. Lorsque avec
la girouette au nord, au nord est ou bien à l'est et le baromètre aux environs
de 0,77, vous jouirez de ce temps précieux pour la moisson, oh alors...si j'ai
un conseïil à vous donner, c'est de ne pas pêcher en plein midi sur des eaux un
tant soit peu difficiles. Lisez, dormez, travaillez, faites la cour aux dames,
payez vos créanciers, revernissez vos cannes, prenez des bains froids, faites
couper vos cheveux, écri vez un traité de philosophie, chassez, absorbez des boissons
glacées ou du thé chaud, faites tout ce qui vous passera par la tête, mais
ne pêchez pas la truite à la mouche artificielle. C'est un conseil d'ami,
un fameux conseil que je vous donne, et qui n'est pas trop payé au prix modeste
que vous avez payé mon bouquin. ************ Dieu veuille qu'en vous indiquant ce que, aujourd'hui, je crois vrai, je ne vous aie pas induit en une foule d'erreurs. Ce qui me rassure un peu, c'est que les conseils que je vous donne je les ai tous mis en pratique, non sans succès, sur les eaux les plus difficiles. En les suivant vous devez donc réussir; et si en ne les suivant pas vous réussissez aussi, cela prouvera tout simplement qu'il y a plus d'une manière d'obtenir un même résultat, ce qui est vrai en mille circonstances. Si ceux de mes lecteurs qui savent déjà se servir d'une canne à mouche haussent les épaules à certains passages de mon livre, je ne leur en voudrai pas, croyez-le bien. Je confesse que j'en ai fait autant moi-même en feuilletant la plupart des traités de pêche que je m'amuse à collectionner depuis vingt-cinq ans. Mais à cet aveu je dois en ajouter un autre: c'est que bien des théories que j'avais trouvées complètement absurdes à une certaine époque, me sont apparues plus tard comme la vérité même. Ce souvenir m'est un agréable réconfort au moment où, livrant mes idées au public, je dois m'attendre à ses critiques . Et maintenant, ami lecteur, adieu! Si tu es maître en notre art, pardonne-moi de t'avoir fatigué de choses que tu sais mieux que moi. Si tu es un néophyte, retiens le plus utile de tous mes avis: aussi souvent qu'il te sera loisible, cours au ruisseau visiter la Sibylle mystérieuse. Sois fidèle à son culte, aime-la, et elle te livrera tous ses secrets, secrets de la pêche, de la santé, de la bonne humeur et, si ton âme est meurtrie, le secret pour un moment d'oublier ta peine.
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