Pascal Pratz :Petite histoire subjective et romancée de la pêche à la truite en France
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C'était ma deuxième visite à la Nive.
Ca
a duré une dizaine. Tous les jours, je tentais de présenter proprement une mouche
à cette truite qui gobait le long de la rive opposée, autour d'un pied d'herbes
aquatiques. Un soir,
j'ai dû lui poser juste sur le nez et elle, les deux secondes, les secondes Nijinsky,
ça lui a suffi pour se décider. Clac
! J'ai tiré et elle était au bout. Je n'étais pas fier. Je pêchais, ce soir-là,
sur dix centièmes. A peine de quoi soulever un paquet de sucre en morceaux, et
encore, en faisant attention …
Mais elle, comme une précédente, elle a voulu remonter et ça l'a fatiguée sans
vraiment forcer sur le fil. Elle aurait entamé l'ombre d'un mouvement vers le
bas et le fil aurait émis un petit bruit sec et décevant. Non, elle voulait remonter
et , après quelques minutes, j'ai pu la voir presque à mes pieds. Là,
j'ai fait de grands yeux et ne pensais qu'à la regarder avant qu'elle ne m'ait
vraiment vu, qu'elle entame enfin son cirque. Mais rien ! Elle n'a rien fait pour
m'échapper. La mémère était trop grasse pour s'agiter vraiment. L'épuisette s'est ouverte et je l'ai eue. Une bête magnifique, avec un bécard déjà très formé. Un moment, je me suis même demandé si ce n'était pas un saumon. .
Je l'ai mesurée : quarante-six. Quarante-six centimètres de truite, ça fait un morceau.!
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