Soie sectionnée ?? Si si ça se répare

 

 

 

Après avoir découvert plusieurs entailles au beau milieu de ma soie naturelle aie, il m’a fallu la couper pour sacrifier le mètre compromis et envisager la « réparation » sous peine de réinvestir dans une neuve Pas content!!

 

Deux techniques sont susceptibles de permettre cette réparation, le manchonnage seul possible sur une soie naturelle et les synthétique bon marché parfois sans « âme », et la tunnelisation..!

 

 

                                                            Le Manchonnage: pour naturelles ou synthétiques
Après plusieurs essais malheureux Briques, heureusement sur le morceau éliminé, je suis arrivé, en m’inspirant de ma jonction soie-backing, à un résultat suffisamment satisfaisant pour mériter votre attention car c’est finalement, rapide, facile, fiable et fonctionnel Clap Clapsi l’on s’y prend « correctement » car la réalisation ne souffre pas l’à peu près… Carton rouge!

 

 Je n’apprendrai rien aux « vieilles mains » rompues aux nœuds, ligatures et autres, (quoique, « vieille main » moi-même, j’aie vécu jusqu’à présent avec la notion fausse qu’une soie sectionnée était une soie foutue,) mais  ce qui suit peut certainement rendre service  aux moins aguerris.. ! Alors c’est… par la

 

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La procédure et le résultat sont identiques qu’il s’agisse d’une soie naturelle ou d’une synthétique, et j’ai utilisé pour la démonstration ici une synthétique plus « photogénique » avant de terminer par les photos de la naturelle « réparée »

 

 Le principe n’est pas nouveau :

-         Manchonnage des deux extrémités sectionnées par une « chaussette »en bas de ligne tissé

-         Collage super glue mais : mini mini mini léger léger léger !!

-         Ligature protégée à la poix

 

Mais plusieurs erreurs sont à éviter car chaque détail a son importance sur le résultat qui doit et peut être parfait !

 

Le Matériel : très simple

 

  - Un bout de 6 à 8 cm de bas de ligne Cortland Tissé (il est appelé tressé sur l’étiquette, alors que c’est bien du tissé !!), d’une résistance de 30 lb qui représente le diamètre idéal pour « manchonner » une soie, ou un bout de backing tissé également

   -Une minuscule petite micro goutte se superglue

   -Un pain de poix

   -Une grosse aiguille pour dilater l’extrémité de la « chaussette » de bas de ligne avant d’y introduire les extrémités sectionnées de la soie (verte sur la photo)

   -Et bien sûr de quoi faire la ligature : porte bobine et petite bobine de fil de montage

 

                                                       

 

 

La procédure :

    

       1/ Dilater les extrémités du bout de bas de ligne tissé avec l’aiguille pour pouvoir y introduire les deux bouts de la soie à réparer

 

                                                                                        

 

         2/Introduire l’une puis l’autre extrémité de la soie jusqu’à ce qu’elles se rejoignent au centre de la « chaussette » ; La soir synthétique plus raide et plus lisse que la naturelle s’introduit plus facilement  que la naturelle en plissant le manchon en « accordéon » avant de le déployer par glissement sur sa longueur, mais avec un peu plus d’attention on arrive à rentrer la naturelle qui, plus « rugueuse » accrochera mieux la trame de la « chaussette » et ne nécessiterait même pas de collage !

 

                                                                

 

      3/Sans collage, pratiquement, ci-dessous la démonstration de la solidité du montage même avant toute ligature : le poids de 5kg a été soulevé de la table alors  que seules les extrémités de la « chaussette » avaient reçu un «  micro point » de colle  sur moins d’ ¼ de leur circonférence juste pour « coller » une ou deux fibres à la jonction entre la partie décommise et la partie intacte du manchon !

                                                                             

 

La colle en effet n’est pas nécessaire à la solidité ! Elle ne sert qu’à empêcher, au début de la traction, le glissement de la soie dans le manchon qui alors se resserre en s’allongeant et  c’est cette compression qu’il exerce  sur toute la surface de la soie qu’il entoure,  et qui s’intensifie sous l’effet de l’augmentation de la  traction, qui suffit à empêcher tout glissement !

La flèche montre bien le rétrécissement du manchon,  à l’endroit où les extrémités de la soie se sont écartées, en raison de son allongement sous l’effet de la traction !

Un « collage » trop généreux est nuisible de deux façons :

-         Il transforme le segment collé en un « fil de fer » rigide totalement incompatible avec la souplesse de la soie

      -     Il « fige » le tissage du manchon qui ne peut plus ni s’allonger ni, ce faisant, se rétrécir pour enserrer et retenir la soie….et le résultat obtenu est l’inverse de celui recherché !!Je l’ai expérimenté, et j’ai du recouper et recommencer ! C’est là le premier point très important : surtout très très peu de colle !

 

            4/Les brins » décommis » ne doivent pas « régularisés » : pas question de lui « faire le maillot »à la chaussette !!Bien au contraire, il faut le laisser intact ce « fouillis » qui sera appliqué contre la soie par les tours de spire de la ligature, et dont l’enchevêtrement  augmentera la solidité du montage ainsi plus résistant que si l’on régularisait !C’est le deuxième point important !

 

            5/Les ligatures

                     -Il faut installer dans le porte bobine  une petite bobine de fil de montage, et lui faire faire,  autour d’une branche du porte bobine, 2 ou 3 tours (5) au sortir de la

bobine avant de le faire passer dans le guide fil  

                                             .                    

 

En effet, la ligature se fera en lançant et en faisant tourner bobine et porte bobine autour du montage manchon- soie  entre pouce et index droits et gauches séparés d’à peine 1cm pour « guider » l’enroulement  qui se fera de l’extérieur vers l’intérieur ! Or, c’est la force centrifuge de l’ensemble en train de tourner  qui déterminera le « serrage » de la ligature, et point trop n’en faut, d’autant que cette force centrifuge aura tendance à entraîner le déroulement de la bobine qu’il faut éviter, d’où la nécessité de réduire son poids en prenant une petite bobine, et d’augmenter les frottements par les deux ou trois tours de fil (5): c’est le troisième point important si l’on veut éviter de voir le fil s’allonger à chaque tour et la bobine taper dans la table ou dans le nez de l’opérateur !!

        -Il suffit de sortir 10 cm de fil avant de commencer l’enroulement, puis de recommencer 1 fois car au total environ 20 cm suffisent par côté !

        -L’enroulement doit se faire de l’extérieur vers l’intérieur, ceci pour que la boucle, qui devra glisser sous les spires, d’autant mieux qu’on aura « poissé » avant, soit à l’intérieur et n’accroche, lorsqu’on la résorbera en fin de course, ni le « point de colle », si minime soit-il, ni les fibres décommises en « fouillis »qui sont du coté externe, sous peine de bloquer et d’entraîner la casse  !!

       - La disposition de départ sera la suivante :

                         -1/ Le début du fil, à l’extérieur, assez long

                          -2/ La boucle couchée vers l’intérieur, prévue  large également

                          -3/  Le début de l’enroulement (qui recouvrira en premier les brins décommis à l’extérieur puis le manchon intact enveloppant la soie sur 1cm, guère plus)

 

 

 

                                                       

 

 

                          -4/ la fin du fil qui sera coupé en fin d’enroulement

 

                                                    

 

                  6/ Les finitions : le fil 4 coupé est donc passé dans la boucle 2 et la traction sur le brin 1 va résorber la boucle 2 sous l’enroulement 3 entraînant le brin 4 ainsi bloqué !

.Il suffira de couper ce qui dépasse du 1 et du 4 avant de recommencer la même opération à l'autre extrémité et il n'y aura plus qu’à enduire les deux ligatures avec la poix en guise de protection !

 

Quatrième et dernier point important : il arrive assez fréquemment que l’on casse le fil 1 lors de la dernière manœuvre au moment ou le fil 4  bute sur la première spire de l’enroulement 3 sous lequel il devait glisser tiré par la boucle 2!! Surtout pas de panique, ce n’est pas grave du tout : il suffit de bien poisser la ligature pour éviter qu’elle ne se déroule et de recouvrir tout simplement  son extrémités interne par une nouvelle « surligature » de 1cm maximum pour bloquer dessous parfaitement le fil 4 et la boucle 2 sans risque cette fois de rupture du fil 1’ sous un enroulement  3’  très court et sous lequel la poix favorise le glissement !

 

                7/ : La réparation est terminée : elle est parfaitement souple si l’on a économisé la colle, solide sans conteste, et très fonctionnelle dans la mesure où les anneaux ne la « sentent » pas passer, pas plus que la main gauche d’ailleurs ; légère,  elle flotte parfaitement  et je ne l’ai jamais vue couler avant le reste de la soie……naturelle que je vous présente maintenant réparée et qui depuis, a  quelques semaines de pêche « dans les jambes » !!

 

                                                                                                            Au repos

 

                                                           

 

                                                                                                          Sous traction

                                               

 

                                                                                          En action de pêche,.. elle flotte !!

 

                                                

                          

Cette réparation résiste fort bien au temps: je termine ma deuxième saison sans encombre, et jamais ma soie naturelle n'a commencé à couler à cet endroit.. et pour les saisons suivantes, au besoin, une recoupe avec un nouvelle réparation ne prendra que quelques centimètres de ligne, et quelques 15 ou 20 minutes…alors que l’économie  est appréciable, surtout pour une soie naturelle mais….entraînez vous sur des brins de soie au rebut pour « vous faire la main »….c’est comme pour le montage des mouches, c’est simple et facile…quand on sait..et on ne sait qu’après avoir appris…à ses dépens !! Rappelez vous l’allure de vos premières mouches, et pourtant, aujourd’hui, vous faites des merveilles,non ??

 

 

                                

 

                                                                  La Tunnelisation pour synthétiques

 

Elle ne s’adresse qu’aux soies artificielles qui ont une âme, ce qui n’est pas le cas de certaines soies bon marché centrées par un canal vide sensé assuré la flottabilité tant qu’il n’est pas rempli d’eau !!

Elle n’est pas praticable sur les soies naturelles dont la réparation relève du manchonnage

Elle m'a été rapportée par u n certain UNR qui la tenait de son collègue compétiteur Boulbag

Elle demande un certain "coup de main"..sous peine de déboires....!

Je la considère comme "dèlicate à réussir".....mais je n'en ai pas une grande expérience!!

 

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 Le principe est utilisé par certains compétiteurs pour modifier le profil de leur soie en supprimant un segment et consiste à dénuder l’àme de la soie  du bout A pour  la faire pénétrer dans la gaine de B et vice versa !

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Le matériel nécessaire comprend un flacon d’acétone (1)et un chiffon,(2) un tube de colle superglue(3)une ou deux aiguilles(5-4-)tenues par une forte pince(6) pour percer la soie,une aiguille pour décommettre l’âme,(7), un cutter ou un bistouri(8), une paire de ciseaux fins,(9) et deux enfile aiguille(10-11) pour chas fin,

 

 

                                                        

 

La première étape consiste à préparer les deux extrémités sectionnées pour exposer l’âme

 

 -Inciser circonférenciellement avec un cutter (8) ou au bistouri, à 8 cm de son extrémité, la gaine plastique sans aller trop profond pour exposer l’âme sans l’entamer… De la qualité de la section de la gaine des deux cotés dépend la qualité du raccord quand les deux s’accoleront !

-Amorcer le décollement de la gaine entre les ongles du pouce et de l’index puis avec un chiffon (2 )imbibé d’acétone( 3)qui facilite considérablement le « dépiautage » de la gaine qui s’avère sinon extrêmement laborieux , on dénude l’âme comme un fil électrique, sans mettre d’acétone sur la gaine sus jacente qui serait attaquée !

-Décommettre pour l'effilocher l'extrémité de l’âme ainsi mise à nu, sur un cm puis la désépaissir en supprimant la moitié de ses fibres pour faciliter la suite.

 

                                                        

 

L’étape suivante est la plus délicate :

 

1/ il faut tunneliser sur 1 cm nécessaire et suffinant,la gaine de l'extrémité des deux bouts à réunir de A et B !

-cela se fait avec une aiguille (5)de diamètre adapté au calibre de la soie, c'est-à-dire de diamètre voisin  de celui de l’âme car une aiguille trop fine perce trop facilement la gaine,et tenue dans une pince forte (6)  pour pénétrer sans dévier et ne pas traverser la gaine avant d’avoir franchi le cm requis !

Il faut pour cela aller lentement, en changeant  au besoin de diamètre d’aiguille(4-7), mais il est toujours possible de réaliser ce tunnel de 1cm même dans les parties  fines de la soie, bien que ce soit la le geste le plus minutieux de la réparation !

On peut alors traverser franchement la paroi de la gaine et laisser l’aiguille à poste dans l'extrémité A

2/ C’est la que va intervenir » l’enfile aiquille »(10-11)

que l’on trouve  en mercerie, il faut prendre les modèles « pour chas fins » et c’est alors un jeu d’enfant :

-Après avoir retiré les aiguilles qui ont tunnelisé la gaine, on enfile par l’orifice distal de A l’enfile aiguille que suit le tunnel en sens inverse pour ressortir à l’extrémité de la gaine au contact de l’âme  comme ci dessous

 

                                           

 

 

On  enfile alors les premiers mm désépaissis de l’âme de l’extrémité  b dans l’anse de l’enfile aiguille qui sort de l’extrémité A

 

 

                                             

 

et en retirant  l’enfile aiguille dans la gaine A on entraîne l’âme b   prisonnière dans le tunnel qu’elle parcourt sans difficulté  pour ressortir latéralement  à travers l’orifice de la gaine A avec l’enfile aiguille

 

 

 

                                                 

                                              

 

On réitère l’opération  pour tunneliser l’âme  a dans la gaine B

  

 

                                               

 

 

Il ne reste plus qu’à tirer  alternativement sur les deux âmes pour rapprocher les extrémités (la gaine accepte sans problème les deux épaisseurs de deux âmes ) jusqu’à ne laisser les deux âmes exposées que sur un petit cm  sur lequel on déposera une petite goutte de superglue,(3) ou d’une colle du même style un peu moins rapide ,( car la prise trop précoce est catastrophique!!!)

 

                                                   

 

                                                       

 

 

Avant la dernière phase un peu délicate  qui consiste à effacer le cm restant exposé en le faisant rentrer dans les gaines en tirant alternativemant sur les extrémités des âmes a et b

 

                                                          

 

qui seront coupées au ras de la gaine(11) quand la jonction aura été réalisée d’un seul tenant sans interruption car la colle prend très vite !

Si  la découpe des gaines a été précise, le raccord se verra à peine,le surplus de colle (ne pas en mettre trop) en réalise l’étanchéité, comme au niveau des orifices latéraux sur les gaines

 

 

                                                    

 

 

                                                                   Après traction sur les extrémités pour vérifier la solidité et affiner le raccord, on constate que

 

                                                                  cette réparation est  plus délicate que le manchonnage, je la trouve personnellement  "difficile"

 

                                                      mais, si elle est correctement réalisée,  elle est plus « fine », quasiment invisible, et solide sans alourdir la soie !