Triploïdes

La plupart des poissons sauvages sont comme les humains, diploïdes, ce qui signifie que leur patrimoine génétique est formé de paires de chromosomes, l’un venant de leur père, l’autre de leur mère

Caryotype humain :23 paires de chromosomes

 

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Aspect d'un caryotype triploïde

"Dans l'élevage des arcs en pisciculture pour la consommation, on produit volontairement, par "choc" thermique ou mécanique sur les oeufs fécondés, des poissons "triploïdes" dont chaque paire de chromosome est en fait constituée de ....3 chromosomes"

Cette technique de manipulation chromosomique mise au point peu avant les années 2000 est utilisée couramment en aquaculture. Elle consiste à faire subir aux embryons, au stade où ils ne sont composés que d’une cellule, des traitements physiques qui perturbent leur développement.

Sa forme la plus habituelle consiste à utiliser la température ou la pression pour exercer un choc sur les oeufs récemment fécondés (on peut aussi utiliser des produits chimiques, mais la méthode est moins efficace).


Le choc empêche le second globule polaire de se séparer de l'oeuf, de sorte que l'oeuf récemment fécondé contient trois noyaux haploïdes, correspondant respectivement au gamète mâle (spermatozoïde), au gamète femelle (ovule) et au second globule polaire. Ces trois noyaux haploïdes fusionnent pour former un zygote triploïde qui, à son tour, se transforme en poisson triploîde.

Pourquoi fait-on cela? La triploïdie est utilisée, par exemple, chez certains poissons comme la truite car les poissons triploïdes

* sont parfaitement viables et se développent de manière normale,

* sont stérile et alors incapables d'accéder à une maturité sexuelle , donc de se reproduire mais surtout,

* les femelles notamment, grossissent plus vite comme les castrats..et comme la maturation sexuelle s’accompagne d’une altération du goût,

*on pense également améliorer leur qualité gustative.

*La triploïdisation est également bénéfique pour réduire les impacts sur les espèces sauvages en cas d’ « évasion ». car si on introduit des "bassines" triploïdes volontairement ou accidentellement, , il est bien évident qu'elles ne se reproduiront pas.......

Les huitres elles mêmes n'échappent pas à cette "manipulation" de stérilisation

 

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Mais la médaille a son revers...!:

 

Cette chimère génétiquement modifiée va t-elle envahir nos rivières ? On sait que l’opinion publique est plutôt hostile aux manipulations génétiques. Certain s’apprêtent si nous n’y prenons garde, à introduire des « truites triploïdes ». C’est à dire des poissons génétiquement anormaux inaptes à la reproduction et pouvant avoir aussi d’autres caractères que l’on peut considérer comme des tares (malformations du squelette, une vertèbre caudale de plus, la chair plus grasse...) Si cette introduction a lieu sur des rivières de première catégorie , ces triploïdes qui grossissent deux fois plus vite, mangeront aussi beaucoup plus, y compris les alevins ou truitelles de l’année.

.Deuxième critique : la stérilité de la triploïde ne serait pas sans faille : et s’il s’avère qu’elle ne l’est pas, il existe un risque. Et pourquoi pas la truite sans arêtes parce que quand même c’est embêtant à manger !!!Mais où va ce monde ??(Les exploitants piscicoles ont recours à ce type de programme d'amélioration pour élever des espèces exotiques dont l'élevage serait autrement considéré comme illégal ou pour provoquer la stérilité chez des espèces qui parviennent à la maturité sexuelle avant d'atteindre la taille commerciale!!)

`"Le vivant a une première propriété fondamentale, celle de se reproduire et de se multiplier. il est donc à tous. C’est un bien commun de l’humanité. Vouloir réserver cette propriété aux investisseurs par quelque méthode que se soit, c’est céder à l’exigence des marchands de chandelles de nous faire condamner les portes et fenêtre pour lutter contre la concurrence indue du soleil." Alors à vous de décider avant qu’il ne soit trop tard!!"

                                                                         Jean-pierre Berlan, directeur de recherche à l’INRA..