John.
D. Voelker: Itinéraire
d`un pêcheur à la mouche
Le livre:
.................un
régal où s'épanouissent un humour de bon aloi, une gaieté inventive sans
oublier une modestie de chroniqueur dans le récit de ses exploits de pêcheur...
ou de ses fiascos non moins savoureux..." L'auteur:
John D. Voelker (1903-1991) a passé l’essentiel de son existence
dans la petite ville d’Ishpeming, où il occupait le poste de procureur tout en
écrivant des romans policiers à succès sous le pseudonyme
de Robert Traver.Le succès de son cinquième roman, Autopsie d’un meurtre,
lui permit de se consacrer pleinement à ses deux passions dans lesquelles il excellait:
la pêche à la mouche et l'écriture Dans la famille des écrivains-pêcheurs
américains, John D. Voelker occupe une place à part
Mon opinion:
......................................remarquablement bien écrit d'une plume légère
par un auteur fin, plein d'humour et d'autodérision qui ne se prend pas du tout
au sérieux et rapporte avec talent dans un style rappelant parfois Erskine Caldwel,
des souvenirs de pêche souvent rocambolesques comme nous en avons tous....
On sourit en permanence, on rit souvent, on sent
tout ce qu'a ressenti l'auteur car son réalisme bon enfant rapporte un vécu authentique
que l'on partage ....et on reste persuadé que l'auteur est sans doute bien meilleur
pêcheur qu'il ne le prétend....mais sa modestie fait chaud au coeur...
à ne
pas rater....!! ****************************
Extrait
La
voiture de pêche Elle naquit en
1928 sur une chaîne de montage de Detroit. Après
une enfance amère qui la vit traverser maintes épreuves cruelles, elle fut recueillie
et adoptée par moi-même un jour pluvieux du printemps 1935. Je découvris alors
mon orpheline adorée, abandonnée et délaissée, sanglotant silencieusement dans
le recoin obscur d'un hangar de voitures d'occasion. Nos regards se croisèrent
et s'accrochèrent; le sien, embué de larmes, exprimait une tristesse sans fond.
Je crois qu'entre nous ce fut le coup de foudre. Je la jaugeai du regard, me caressai
le menton, donnai un bon coup de pied dans un de ses pneus arrière - et, incroyable,
il y avait de l'air dedans! - puis déclarai au vendeur que je la prenais. (Pourquoi
les futurs acquéreurs de voitures d'occasion éprouvent-ils invariablement le besoin
de donner un coup de pied dans un pneu?) Les papiers d'adoption me coûtèrent
cent dollars. Le directeur de l'orphelinat pour voitures signa et me donna son
acte de naissance. Nous échangeâmes une poignée de main solennelle, et je la conduisis
cahin-caha vers son nouveau foyer. Les piétons s'arrêtaient pour nous regarder
passer. Une fois à la maison, je brisai une bouteille de bière sur son radiateur
et la baptisai "Buckshot". C'était une petite conduite intérieure deux portes
à roues à rayons et pneus de vingt et un pouces. (Pour moi, elle est aussi un
hommage vivant et durable au génie mécanique d'Henry Ford. Combien d'automobiles
d'autres marques et du même cru croise-t-on encore aussi fréquemment sur nos routes?)
Lorsque je l'ai adoptée, elle n'avait pas seulement des allures de clocharde:
elle était une clocharde. Ses phares, ses freins, son klaxon, son pot d'échappement
et son alternateur, pour ne parler que d'eux, ne fonctionnaient pas; elle avait
le toit percé de trous gros comme des paniers de pêche; un chat sauvage avait
à l'évidence consciencieusement passé ses nerfs et ses griffes sur ses sièges;son
moteur crachotant produisait un bruit sourd semblable aux cognements d'un batteur
à blé à l'article de la mort; un bout de carton publicitaire vantant de manière
fort à propos les mérites d'un déodorant faisait office de vitre côté conducteur;
son parebrise fendu et complètement embué, comme une vieille paire de lunettes
de soleil bon marché, n'offrait au chauffeur qu'une vision vacillante et surréaliste
des quelques objets un tant soit peu importants qu'il était capable de discerner.
Mais son cœur, son esprit et son âme étaient fondamentalement sains, et quand
j'en eus fini avec elle, elle était devenue un véritable rêve mécanique étincelant,
un régal pour les yeux. Il faut dire aussi que son prix d'achat originel ne représentait
plus qu'une partie infime de son prix de revient définitif, l'équivalent d'un
pourboire d'Écossais comparé au montant de la dette nationale. Quant
à son propriétaire, il était pauvre mais fier, et n'était pas sans évoquer
une veuve faisant lessives et sacrifices poùr entretenir une fille fainéante qui
se vautrerait dans l'indolence et la paresse. Depuis
lors, ma Buckshot rajeunie et moi-même avons passé quelques-unes de nos plus belles
années ensemble. ********************************
John.
D. Voelker: Testament
d`un pêcheur à la mouche Le
livre: Après le succès d’Itinéraire d’un pêcheur à la mouche,
livre culte outre-Atlantique, Voelker nous offre une nouvelle collection de récits
à la fois tendres et hilarants, burlesques et philosophiques. Ode à la nature
et réflexion sur l’art contemplatif de la pêche à la mouche, ce Testament dresse
le portrait nostalgique d’une Amérique disparue. . Mon
opinion: Ce deuxième livre qui a fait suite à
"itinérairé" est moins anecdotique que ce dernier encore que les anecdotes a qui
y sont rapportées sont de la même veine mais il y a plus de digressions et de
considerations sur la pêche....toujours dans le même style enlevé propre a cet
auteur élégant a l'humour de très bon aloi.. .qui, plutôt que d'ecrire "péter
plus haut que son cul" ecrit "pérorer plus haut que ses waders".. ..quand je vous
dis qu'il est élégant!! Un bonheur dont vous auriez tort de vous priver,
mais commencez par "itinéraire" qui vous mettra plus rapidement dans l'ambiance!!
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Extraits
Ode
au lancer rare Mais
avant de m'épancher davantage sur le lancer rare, il me faut m'arrêter quelques
instants pour rendre hommage aux adeptes de l'honorable secte des fouetteurs.
Si, chez les pêcheurs à la mouche, les fouetteurs sont si nombreux qu'ils
découragent par avance toute velléité de recensement un tant soit peu précis,
on peut cependant dire sans trop se tromper qu'ils grouillent comme les mouches
noires au mois d'août. Un fouetteur, précisé-je au cas où vous n'en auriez
jamais croisé un (ou, pire encore, où vous n'auriez pu le reconnaître parce que
vous en êtes un vous même), est un pêcheur à la mouche qui lance satanément trop
souvent et qui aggrave ce travers en s'abstenant de s'appliquer pour tirer le
meilleur de chaque lancer et ramener correctement sa soie. Les eaux sont encombrées
de régiments entiers de pêcheurs de ce genre. Savoir ce qui pousse un fouetteur
à fouetter est une question bien mystérieuse, et sans doute finalement tout aussi
futile que, disons, essayer de deviner comment les étranges obsédés des eaux calmes
ont eux-mêmes contracté leur lubie. Freud aurait sans doute pu concocter quelques
théories susceptibles de faire rougir les uns et les autres, mais étant donné
qu'il n'est pas disponible à l'heure actuelle, il faut bien que quelqu'un s'y
attelle. Parmi les élégantes théories que j'ai pu élaborer moi-même,
celle qui a ma prédilection pourrait s'énoncer comme suit: étant donné que, dans
le curieux système économique qui est le nôtre, le fouetteur putatif doit, comme
la plupart des pêcheurs, travailler au minimum cinquante semaines par an, une
fois que notre pauvre diable éreinté se retrouve enfin lâché en liberté à proximité
d'eaux à truites, eh bien il craque, tout simplement, ou, pour dire les choses
dans des phrases plus ronflantes à cinq dollars pièce, il succombe à une irrépressible
pulsion de fouetter les eaux à s'en briser le poignet. J'ai appelé cette théorie
ma théorie du fouet thérapeutique. Au risque de pérorer intellectuellement
plus haut que mes waders, je vais maintenant vous dévoiler une autre de mes théories,
dans laquelle entre en jeu visiblement un peu plus que le simple concept de thérapie
par défoulement physique. Cette théorie est la suivante: certains fouetteurs fouettent
avec une telle détermination et une telle rage que l'on soupçonne qu'ils doivent
s'imaginer être en train de casser la figure à quelqu'un -leur patron, qui sait?
Et il m'est arrivé une fois de contempler un fouetteur complètement parti dans
son monde qui fouettait les eaux avec un tel abandon extatique que j'aurais .
juré qu'il y avait repéré, quelque part, une séduisante sirène du nom de Sade
- oups, pardon, je veux dire Sadie - vêtue seulement d'une culotte en dentelle
freudienne. ****************************
Les
femmes pêcheurs: mythe ou réalité?
Bien que j'imagine qu'il serait monstrueusement morbide pour un vieux pêcheur
de continuer à ressasser un sujet pareil
- sans parler du choquant aveu d'obsession halieutique que cela constituerait
-, je dois cependant confesser qu'il m'est arrivé, ces dernières années, de me
dire que j'avais sans doute consacré à la pêche davantage d'années que n'en vivent,
en tout, bien des adultes relativement adultes. Tout aussi choquant est le
fait que, pendant toutes ces années, je ne crois pas avoir rencontré plus d'une
poignée de femmes pêcheurs sur les eaux à truites. Cela me paraît si incroyable,
aujourd'hui encore en l'écrivant, que je ferais peut-être mieux d'expliquer ce
que je veux dire, ou plutôt de rétrécir rapidement le champ des possibles en expliquant
ce que je ne veux pas dire. Tout d'abord, je ne parle pas des femmes pêcheurs
avec lesquelles j'ai pu pêcher, même si elles aussi peuvent sans doute se compter
sur les doigts de la main, pour la raison assez évidente que le simple fait qu'elles
aient été accompagnées les exclut de la catégorie dont j'ai commencé à parler
plus haut. Et je ne parle pas non plus de ce que l'on pourrait appeler les
maniganceuses, dont l'apparente passion pour ce sport n'est qu'un maillon d'un
plus vaste complot visant à ferrer un homme qui ne se méfie de rien. Ni de
ces dames qui voyagent en groupes et se retrouvent maladroitement embarquées dans
des sorties de pêche où elles passent leur temps à espérer décrocher presque n'importe
quel trophée à l'exception d'un satané poisson. Ni de ces élégantes qui
agitent leurs cannes à trois cents dollars en faisant onduler leur soie à l'unisson
parfait de leur postérieur en s'entraînant pour leur prochaine leçon particulière
avec un bel instructeur bronzé....................
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