«  Mémé »1917-1985).... le père de la A4...

                                         et de tant d’autres mérite bien un petit coup de chapeau…….

 

 

et cette interview par un journaliste halieutique des années 60 paru dans un numéro de «  Toute la pêche », la première revue à laquelle je me suis abonné à une époque où elles n’étaient pas légion, m’a paru digne, de par la qualité de l’intervieweur et de l’interviewé, d’être rapportée « in extenso »

 

 

        

                                   

 

                                   

                                                                                                                          

                                   

                                                                                                              

     

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C'est en ces termes qu'en parle Michel Winthrop dans son ouvrage "Grandes figures de la pêche"

 

La personnalité et l'art de Mémé », comme le surnommaient ses amis et partenaires de pêche, fascinèrent quantité de voyageurs heureux de se rendre à Champagnole rencontrer cet homme hors du commun!

Aimé Devaux, enfant, habitait la « ferme des îles », à proximité de Champagnole, au bord de l'Auguillon, très jolie rivière à l'époque. Il officia à la mouche dès l'âge de 12 ans; conscient de l'importance d'être guidé dans l'exercice de cet ouvrage, il observait les autres pêcheurs.

Reconnaissant les maîtres, ce qui n'est pas fréquent chez un jeune homme, il se tourna naturellement vers Maurice Simonet, grand pêcheur et garde du parcours privé de l'hôtel Ripotot à Champagnole. Simonet ne lui imposa jamais une façon de pêcher ou une technique de montage du bas de ligne, mais lui enseigna, en grand maître qu'il était, à considérer la pêche dans sa globalité, comme en témoigne Vincent Lalu

A ses débuts, il travailla comme ébéniste dans un 1 usine de Champagnole. La guerre le priva de son gagnepain, et le cortège de misères afférent à cette sombre période imposa des privations qu'il sut, grâce à son art, compenser. La pêche lui offrit en effet les ressources alimentaires nécessaires à sa famille et à ses amis: tout le temps que dura le conflit, il échangea des kilos de truites contre des pommes de terre, du beurre...

Les circonstances firent de lui un pêcheur professionnel. La nécessité aiguisa son talent et le fit, sans aucun doute, progresser d'autant qu'il ne fréquenta que les parcours publics

Il montait ses mouches avec une adresse remarquable, et, surtout, il savait les choisir et les utiliser à bon escient. Tous ces éléments lui forgèrent une réputation qui s'élargit très vite, compte tenu de la fréquentation de la rivière d'Ain.

Ainsi, un industriel de passage, M. Bourdei, impressionné par l'homme et par l'extrême efficacité de ses mouches, mit en relation Aimé Devaux avec les établissements Pezon et Michel, installés à Amboise. Cette maison, alors prestigieuse, lui passa une première commande de mouches afin de les commercialiser. Avec son épouse Denise, ils accumulèrent les essaims d'éphémères qu'ils expédièrent à Amboise.

En 1954-55, dépassé par l'ampleur des commandes, il . forma une dizaine d'ouvrières de manière à honorer la demande. Très conscient des conséquences en matière de contraintes et de fragilité d'une entreprise plus importante, il se refusa à augmenter le nombre des monteuses, préférant renoncer à des commandes plus allé. chantes, en provenance notamment des Etats-Unis.

Jusqu'à sa disparition, fin 1985, Aimé Devaux a 1 développé ses modèles de base et en a créé bien d'autres, s'adaptant à la concurrence et à la diversité de l'exigence des pêcheurs, fréquentant des rivières très différentes à travers l'Europe. La maison Devaux n'a rien perdu aujourd'hui de son lustre et offre une collection de mouches de premier ordre.

              

 

Aimé Devaux, « initié » par Maurice Simonet, devint à son tour un maître. Ceux qui n'ont vu chez lui qu'un pêcheur d'exception, sous-estimèrent l'homme caché derrière un jovialité, une générosité et une simplicité toutes terriennes.

Durant ses dernières années, il mena un combat sans relâche pour préserver ce qui pouvait encore l'être de la nature, pour éviter notamment que des profanes modifient le paysage sans se soucier des conséquences dramatiques de leurs actes. Sur toutes ses correspondances, il imprimait: « Marais asséchés = plaines inondées ». Là encore est l'enseignement de Maurice Simonet.


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                                                                                                        Marc Sourdot Sept 1988

 

                                                                                    

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"Ce qui m'a toujours le plus étonné chez Mémé, c'était, pour un homme de sa corpulence, sa facilité à evoluer avec de l'eau jusqu'à la poitrine, à sauter de rocher en rocher, en plein courant. Je me souviendrai toujours d'une partie de pêche en sa compagnie, sur la loue, à Cléron: ce jour-là, les poissons gobaient partout et Mémé épuisait les ombres les uns après les autres...avec sa casquette à oreillettes!

                                                                                                                         

Etre reçu chez Mémé était toujours un privilège mais qui nétait possible que pour ceux que lui et son épouse Denise avaient choisis: les importuns n'était pas les bienvenus! Chez les Devaux, on faisait bonne chère, on buvait sec et dru: l'ami René Fallet s'est toujours souvenu d'une soirée mémorable après laquelle, sortant de chez Mémé, il confondit le teckel des voisins avec un gros rat, s'étonnant que les rongeurs deviennent si gros en Franche-Conté!

 

Mémé, c'était le meilleur des amis et il savait comme personne faire partager sa joie de vivre...".

                                                                                                                                                                      

                                                                                                                                                                          Serge PESTEL..
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Ma première rencontre avec Aimé Devaux,il y a plus de 20 ans,je m'en souviendrai! D'abord parce que, jeune journaliste, c'était pour moi impressionnant d'être invité chez un tel monstre sacré.Mais cette journée fut aussi mémorable pour d'autres raisons!J'ai d'abord commencé, dans la matinée et en pleine ville de Champagnole, alors que Victor Borlandelli et moi cherchions notre chemin, par me faire enfoncer ma voiture par un chauffard qui c'était endormi au volant.Bien abîmée, ma Simca, mais encore en état de marche.Nous rejoingnons Mémé au bord de l'eau, et nous voilà partis à la pêche: là, je manque de me noyer trois ou quatre fois a vouloir suivre Mémé avec de l'eau jusqu'à dix centimètres de la limite supérieure des waders: non seulement je n'avais pas l'habitude de ce genre sport mais je pesais à peu près trente kilos de moins que Mémé,lui tenait dans le courant,moi pas.Ayant échappé par miracle à la noyade, nous nous retrouvons à table pour un modeste¨casse-croûte préparé par Denise.Un petit en cas: énorme pâté de bécasse en croûte, volaille de Bresse rôti, trois ou quatre légumes, salade, fromage dessert...Et puis le fameux ritedes fruits à l'eau de vie.Car Mémé ne se contentait pas d'y faire macérer des cerises: il y avait aussi des pêches, des poires, et je ne sais combien d'autres fruits. Il fallut goûter a tout...ce qui, ajouté aux quelques bouteilles de vin du Jura,eut pour résultat de me faire sombrer dans un état d'ébriété avancé.Par bonheur, Victor ne boit jamais une goutte d'alcool: il put prendre le volant pour le retour.Sinon, j'aurais probablement achevé de démolir ma voiture...Toujours est-t'il que, je suis sorti indemne d'un accident de voiture, j'ai échappé à la noyade et j'ai risqué le coma éthylique: ça fait beaucoup pour un seul homme. Nous faisons des métiers dangereux!

Par la suite, j'ai eu plusieurs fois le plaisir de pêcher avec Mémé, nous avons , à deux reprise, fait l'ouverture de l'ombre à Pont-du-Navoy, sur l'Ain, et j'ai retenu ses leçons: pêcher simple, pêcher vite, pêcher efficace. C'est ce que je m'éfforce de faire depuis que je l'ai connu... en sachant bien que je ne parviendrai jamais à son niveau. Je me console en pensant que bien peu y sont parvenus!

                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

 

                                                                                                                                                                               Daniel MAURY...

 

 

 

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Quand on parle mouches artificielles ou fabrication de celles-ci, il est impossible qu'en cours de conversation, on ne prononce pas au moins une fois le nom d'Aimé Devaux ; ses proches l'appelaient amicalement tout simplement Mémé.

C'était un personnage. Il a marqué d'une forte empreinte la confection des mouches artificielles au cours de la deuxième moitié du XXème siècle; tout d'abord parce que c'était un exceptionnel pêcheur, fin observateur doué d'un sens de l'eau extraordinaire et un exceptionnel monteur de mouches artificielles qui ont fait sa renommée, les " Mouches de Champagnole" avec " leurs" montages avancés. Champagnole est une petite ville du Jura bordée par l'Ain et à deux pas de La Loue ou du Doubs.
Aimé Devaux s'était lancé dans la fabrication des mouches artificielles dès 1950 avec des ouvrières formées à son école, c'est-à-dire qu'il fallait bien maîtriser la technique du montage " avancé" qui, sans être une découverte - quelques mouches artificielles bâties sur ce principe étaient connues en Angleterre - constituait une grande innovation en France. C'était pourtant tout simple:

la collerette et les ailes si elles étaient présentes, étaient orientées vers l'avant de l'artificielle, à la différence des mouches classiques dont les enroulements étaient perpendiculaires à la hampe ou couchés sur le corps vers l'arrière (mouches noyées par exemple). Pour réaliser un corps avancé, il fallait deux hackles de coq; ils étaient enroulés séparément près de l'œillet de l'hameçon avant de faire le corps de la mouche: le hackle de tête tout d'abord, puis l'autre à peine plus étroit, juste derrière. Après avoir immobilisé les hackles et coupé les pointes inutiles, le montage du corps pouvait être entrepris avec le fil de montage qui allait former un corps conique, la partie la plus renflée forçant les fibres de la collerette à s'orienter vers l'avant par dessus l'œillet, le nœud final se réalisant juste derrière cette collerette.
Il est inutile de préciser que les mouches dressées par cette technique étaient équipées de cerques dans le prolongement du corps qui pouvait être cerclé et qu'il était toujours possible d'y placer des ailes en pointes de hackles dressées ou à plat. L'avantage de ce procédé est d'obtenir des mouches solides, en toutes tailles d'hameçons, qui se lancent bien et qui dérivent remarquablement sur la surface de l'eau du fait de l'élargissement du plan de sustentation par rapport à des mouches classiques.
En 1975 ou en 1976, au cours d'une sortie de pêche, en compagnie de quelques amis pêcheurs, j'ai rencontré Aimé Devaux près de chez lui, au Pont-du-Navoy ; il cherchait toujours à améliorer ses productions en tenant compte de la couleur d'ensemble vue du dessous, parce que c'était le plus important pour lui et. .. pour le poisson.

      

                                                                                                                                                                       Charles Gaidy

 

 

 

 

 

                                                     

 

 

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