Touche arrière, péché majeur, pour l’annuler, pouce ou index ?
Je sais, il manque l’auriculaire !! Je vous l’ai laissé pour vous "déboucher" les portugaises afin de bien entendre ce qui va suivre !!
Qui d’entre vous ne s’est pas régalé en regardant « fouetter » un collègue, tant il est vrai que le geste du moucheur est bien souvent d’une harmonie qui ravit le regard par le souple mouvement de balancier de la canne, le déploiement arrière – avant de la soie dans une boucle qui s’allonge progressivement comme par miracle avant de se déployer lors du shoot final pour s’étendre mollement à la surface en abandonnant la mouche qui se pose alors avec toute la douceur d’une plume légère… !!
Et puis, il y a …les imperfections..du moins dans le geste, sans préjuger de l’efficacité du pêcheur…et je ne peux m'empêcher de surveiller le débattement de la canne qui ne doit pas s’incliner vers l’arrière, tout juste autorisée à dépasser un peu la verticale de 12h pour effleurer 13h en projetant la soie en haut et en arrière … !Nombreux sont ceux qui transgressent cette donnée fondamentale sans dommage et sans altérer par ailleurs la pureté de leur geste qui reste élégant mais la « touche arrière » menace celui qui ne compense pas instinctivement cette entorse à la règle….. Elle amène la mouche coeillir les pâquerettes ou à claquer l’eau en arrière et à se mouiller sans que le pêcheur s’en avise forv cément , alors que la touche est visible par l’observateur lorsqu’elle griffe la surface qui éclabousse, brutale fausse note dans cette symphonie bucolique....!
Sur la berge, elle se traduit le plus souvent par une casse et la perte de la mouche dans une touffe d’herbe…… !
Cet incident est le propre des pêcheurs qui gardent un poignet trop souple , et pourrait donc être évité chez les débutants car la comme partout, il vaut mieux prévenir que guérir,....et corrigé au besoin chez les plus expérimentés, de façon simple et radicale:
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J’ai le souvenir de mes débuts où la règle, d’origine Britannique comme bien des choses en matière de pêche à la mouche, exigeait, pour fouetter, de garder le coude raide et collé au corps comme s’il devait y maintenir une « pièce de Shakespeare » disions nous en potaches gouailleurs , sans qu’elle ne tombe, alors que seule la mobilité du poignet très souple devait animer la canne tenue de plein poing,
ce qui donnait au pêcheur une allure guindée, pour ne pas dire coincée……très Britannique !Les touches arrières étaient fréquentes si l'on n'y prenait garde!! Il en était d’ailleurs à l’époque de même pour la pointe des pieds qui, à cheval, devaient être dans les étriers « forcées haut et vers l’extérieur », talons bas serrés au contact du flanc du cheval…..contrainte Britannique encore….dont la règle a par la suite volé en éclats… !
********* J’ai pêché longtemps ainsi « coincé coude au corps »poignet seul mobile jusqu’au jour où je suis allé à Vesoul dans le magasin de Bresson chercher un ressort pour mon moulinet !Le « maître » avant de me donner le ressort convoité m’a demandé : « viens me montrer d’abord comment tu lances » , comme s’il s’agissait d’une condition….. je me suis retrouvé dans le petite rue qui longeait le côté du magasin et je me suis mis à dérouler ma soie en serrant les fesses...et le coude en prenant bien garde de ne pas laisser choir « Shakespeare » pour ne pas offusquer le « Maître » ! Quelques faux lancers poing bien fermé et poignet bien souple et je pose à 15mètres, bien correctement ma foi, malgré ma pétoche devant mon « examinateur » qui me fait recommencer une fois ..puis conclut : " tu ne lances pas mal mais je vais te faire gagner plusieurs mètres ..attends. . il faut que tu apprennes à lancer « Français »
*Aller retour dans son magasin d’où il ressort avec dans les mains une lanière de caoutchouc découpée dans une chambre à air avec laquelle il attache le talon de ma canne à mon poignet, avant de me faire lancer à nouveau…poignet souple mais collé à la poignée par la force des choses, en m’obligeant à décoller le coude, (pauvre Shakespeare), et à fouetter non plus avec le poignet mais avec tout l’avant bras, coude mobile de l'horizontale à la verticale, épaule souple, sans plus , canne non plus tenue à plein poing emais pouce allongé sur le poignée dont le talon reste au contact de l'avant bras
« Tu comprends, tu gagnes 30cm de bras de levier, la longueur de ton avant bras, et tu vas forcément allonger tes lancers….. » et effectivement……3m de plus sans effort au premier essai….. ! « Garde la lanière et attache avec le talon de ta canne pendant un mois pour t’habituer…… et pouce allongé qui limite un peu les mouvements « parasites » vers l’arrière de ton poignet au contact duquel doit rester collé le talon de ta canne" Dont acte, je me suis mis à lancer pouce allongé sur la poignée, poignet immobile au profit de la mobilité du coude et je n’ai plus varié.. : poignet souple mais droit, pouce allongé, coude seul très mobile, épaule souple sans plus ….jusqu'à ce que je découvre bien plus tard que cette façon de tenir la canne était préconisée dans son livre de 1987 par la célèbre championne américaine Joan Wulf
en insistant sur la nécessité de garder autant que possible le talon de la poignée au contact de l'avant bras
c'est plus tad enfin que j'ai découvert le lancer autrichien de Hans Gebetsroither :
poignet souple mais droit, coude souple mais sans plus alors que c’est tout le membre supérieur par la rotation de l’épaule, voire du thorax qui anime la canne, maintenue cette fois avec, non plus le pouce, mais l’index tendu allongé sur la poignée
comme pour montrer du doigt le gobage et le but à atteindre par la mouche au bout des très longs lancers que permet cette technique avec des cannes courtes mais puissantes et raides !
Nous voici bien loin du style Anglais de la nuit des temps…où la mobilité du poignet était très susceptible de conduire à la touche arrière, qui , déjà limitée par l’allongement du pouce sur la poignée est rendue quasi impossible par l’allongement de l’index emprunté au lancer Autrichien !
C’est donc le remède « miracle » contre l’inclinaison excessive de la canne vers l’arrière responsable de la « touche arrière » pour ceux qui ont du mal à domestiquer les mouvements de leur poignet, et de plus cette façon de tenir sa canne donne à la main une emprise plus étendue sur la poignée, plus précise et confortable… , et permet, après avoir définitivement éliminé Shakespeare..d’éliminer également le bout de chambre à air de Bresson sans oublier pour le reste ni l’un ni l’autre.chacun orfèvre dans sa spécialité !!
Pour éviter définitivement la touche arrière, empoignez votre canne index allongé »
Et "ça ne date pas d'aujourd'hui"...Lisez donc ce qu'écrivaient Tony Burnand et Charles Ritz en...1939 dans leur ouvrage technique "A la mouche"
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Foin de tout chauvinisme, bien sûr , mais comme Bresson m'a attaché le talon au poignet dans les années 60-70, que Johan Wulff n'a sorti son premier livre décrivant cette position qu' en 1987, j'aurais plaisir à croire que Bresson fut le précurseur, quant à l'extension de l'index elle avait été conseillée dès 1939 par Tony Burnand et Charles Ritz, bien français.....
peu importe qu'ils l'aient apprise par par Hans Gebersroither lorsqu'il les guidait sur la Traun,
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