Elles sont chouettes ces lunettes !!
Tu les veux ?
Ca va pas, non,c’est des Oakley, des polarisantes Américaines , les meilleures, qui valent la peau du cul, et toutes neuves !
Le prix j’en sais rien, mon fils me les a offertes …ramenées d’ d’Australie !!Et je sais bien, qu’elles sont neuves puisque, justement je ne m’en sers pas !!
Tu ne t’en sers pas ??Et comment tu fais pour pêcher à vue ??
Je ne pêche pas à vue !
Ca veut dire quoi, ça ? Tu fermes les yeux quand tu pêches ??
Mais non, bien sûr je veux quand même voir ma mouche sur l’eau…et le gobage…pour le plaisir, et pour ferrer au bon moment !
Et pour ne pas être gêné par les reflets sur la surface, et pour repérer le poisson sous la surface, et pour pêcher en NAV, tu fais comment, ça aide drôlement les polarisantes pour tout ça !?Ou peut-être que tu vois sous l’eau sans lunettes ??
Les reflets, c'est vrai, c’est emmerdant alors je me déplace, je plisse les yeux…mais de toutes façons je ne supporte pas d’avoir des lunettes sur le nez, c’est déjà bien suffisant d’en porter le soir pour lire, alors quand je suis à la pêche dans la nature…..c’est comme sur la tête, pas de casquette…pour sentir le soleil, le vent et la pluie…. En plus je ne pêche pas en NAV, je n’ai pas envie de voir sous l’eau, juste ma mouche en surface et les gobages…. Mais ça, je ne m’en lasse pas, c’est tout mon plaisir!!
Et quand tu pêches en noyée, tu ne la vois pas ta mouche et pourtant….. … Je ne pêche pas en noyée !!
Non plus ?? Et le streamer et… … Rien de tout ça je te dis…la sèche, uniquement la sèche…
Ok, compris.... tu joues les « snobs » en somme…. ! Tu fais partie de ces pseudo puristes qui se prennent pour une élite sous prétexte qu’ils pêchent en sèche et qui penseraient « déroger » en pêchant, selon les circonstances auxquelles il faut bien s’adapter si on veut être efficace, au besoin en noyée, en NAV, au streamer…d’autant que ce n’est pas en sèche que l’on prend le plus de poisson, et surtout pas les plus gros !
Mais non, il ne s’agit pas de snobisme, tu le sais bien depuis le temps qu’on se connaît..mais je ne prends pas de plaisir autrement qu’en sèche..et en plus je m’en fiche de prendre des gros machins ….. je préfère même être bredouille en sèche plutôt que de pêcher autrement… !!
Bon, après tout, chacun son truc mais il va falloir que tu m’expliques ça…parce que moi, j’ai du mal à comprendre et je pense que la majorité des moucheurs sont comme moi et touchent à toutes les techniques en s’adaptant aux conditions du moment…..ils complètent la mouche sèche qui, isolée, est très restrictive….non ??Et au moins, ils prennent du poisson.. !
Oui, sans doute, et je ne sais pas s'il y en a beaucoup qui sentent les choses comme moi.., mais que veux tu que j’y fasse, je pêche pour mon plaisir alors je ne vais pas m’astreindre à des techniques qui m’emmerdent sous prétexte qu’elles sont plus satisfaisantes pour d’autres que moi, et plus « productives »… ! Mais
c’est vrai que j’ai découvert il n’y a pas si longtemps que la plupart des palmistes
quand ils parlent de la palm, parlaient, contrairement à moi, indifféremment
de la sèche, de l’émergente, de la noyée , du streamer ou de la NAV ou même de
la NAF…et moi je les appelle alors plutôt "pêcheurs au fouet"
que "pêcheurs à la mouche" !
Ça m’a joué des tours d’ailleurs car beaucoup, dans mes écrits, ne comprenaient pas certains de mes choix exclusivement adaptés à la sèche et pas du tout aux autres techniques : pour moi les soies plongeantes, les mouches noyées , les nymphes, les cannes et soies pour réservoir où l’on pêche, rarement en sèche, des gros machins arc en ciel la plupart du temps forcément de bassine , quand ce n’est pas des brochets…,….. c’est du chinois….
Tu sais, les farios aussi sont des bassines, la plupart du temps !!
Je sais bien, mais les truites autochtones chez nous, c’est des farios, en tous cas pas des arcs, alors quand j’en prends une, je peux toujours rêver que c’est une « de souche », tandis qu’avec une arc on est fixé, ! Fondamental, le rêve...! Mais t’as raison, faut que je t’explique... !!
*********************** Au début, gamin, quoi, j’ai appris à pêcher le vairon avec mon père, avec des lignes en crin de cheval qu’il fallait tremper un moment avant de pêcher car sec, le crin cassait comme du verre ! Des fois on trouvait des crins de la queue des chevaux accrochés aux barbelés des prés et on les recueillait précieusement mais on les goûtait pour savoir s’ils étaient bons.
Tu goûtais les crins de queue de cheval ???
Ben oui, pour savoir si c’était des crins de cheval ou de jument !
T’étais déjà sexiste à l’âge des culottes courtes ??
Ben, on peut dire ça comme ça…goûter ça voulait dire poser le crin sur sa langue : s’il était piquant, acide quoi, on le balançait..
C’est quoi ces conneries ??
C’est pas de conneries, c’est très sérieux !!Un cheval, ça pisse sous son ventre, entre ses 4 pattes…une jument…ça pisse sur sa queue dont les crins imprégnés et un peu brûlés par l’urine prennent une saveur acide et sont trop cassants pour la pêche,… facile à repérer par ce système !
Facile, mais dégueulasse oui.. !
Tu parles, de l’eau salée avec un peu d’urée et un ou deux trucs bien naturels, moins dégueulasses que tous les conservateurs, agents de sapidité, colorants et compagnie que tu avales à longueur de journée chaque fois que tu manges un morceau !!
Bon, on revient à la pêche ??
Oui, les vairons..tout ça pour te dire que , la magie de la pêche, je l’ai découvert à cette époque, c’était pour moi essentiellement l’attente….. dans l’espoir de la surprise du tressaillement puis de la plongée du bouchon qui me commandait de ferrer…et dans cette attente…. toutes les images que j’élaborais sur le monde mystérieux que j’imaginais sous la surface de l’eau ! Bien sûr, des fois je plongeais mon regard à travers la surface, mais c’était pour voir s’il y avait des vairons à pêcher, pas pour les voir mordre et se battre autour de mon ver d’eau, car ça, ça me privait de la surprise, de la magie du bouchon qui tressautait tout d’un coup et m’accélérait le cœur……. !
Parfois aussi je pêchais à la fourchette ce que l'on appelait chez nous des "paquots", en fait des chabots, qui ressemblaient avec leur grosse tête un peu à des poissons chat sans moustaches,
ou des "moutelles", en fait des loches,
c’est comme ça qu’on appelait ces poissons d’une dizaine de cm maxi, qui ne bougeaient pas, collés au fond contre une pierre, et là il fallait bien les repérer à travers l’eau, et je savais faire…. !
Ensuite je me suis mis au lancer……à pêcher à l’aveugle dans les veines d’eau entre les « sames », comme on appelait ces épaisses et lourdes chevelures vertes qui ondulaient en striant la rivière de longues coulées, et dont j’ai su bien plus tard qu’elles s’appelaient des renoncules qui se couvraient de fleurs blanches en début de saison et offraient des caches inviolables aux truites qui pullulaient à cette époque, et qu’on allait parfois chercher dessous « à la main » en guettant un garde hypothétique, épouvantail mythique jamais matérialisé… ! J’aimais bien le lancer.. ! En espadrilles , avec de vieux jeans ou un short en guise de wader, je passais des journées dans l’eau jusqu’aux fesses à labourer la rivière que j’avais rejointe à vélo, avec une méchante Meeps no2 blanche ou jaune à points rouges ou bleus dont le triple n’était souvent que… double, et rouillé, au bout d’un vieux nylon de 24% sur mon « « Luxor luxe » ficelé sur ma canne en métal…et je prenais, à l’époque , plus de truites ainsi harnaché qu’aujourd’hui avec mon attirail de luxe , sans compter les brochetons nombreux qu’il fallait à l’époque rendre à la rivière de 1ère catégorie , ni les quelques perches souvent de belle taille car dans la rivière il n’y avait pas de nanisme comme en étang !! J’échangerais aujourd’hui volontiers mon « Simm’s gore tex » contre de vieux jeans et ……. quelques décennies de moins…. !!!
*****************
Vers mes 15 ans, mon ami d’enfance m’a montré la façon de fouetter pour pêcher en sèche avec une canne à mouche et si, pour les premières sorties qui ont suivi, j’emmenais ma canne à mouche et ma canne à lancer, je me suis vite aperçu que je ne montais plus jamais cette dernière que j’ai fini par laisser à la maison..je ne l’ai plus jamais reprise !
Je me suis mis à pêcher exclusivement en sèche, avec des mouches que j’ai fini par apprendre à monter moi-même, en premier des French tricolores de Bresson,
la vedette du coin, avec une soie naturelle puisqu' à l’époque il n’y avait que cela, un moulinet manuel puis un automatique Shakespeare transversal très lourd, avantageusement remplacé plus tard par un semi automatique viva bien plus léger, sur une canne en bambou refendu Pezon et Michel "compétition" 8,5 semi parabolique,(je ne l'oublierai jamais), car…il n’y avait également que ça avant l’avènement de la fibre de verre, décevante car molle et lourde, détrônée par le fabuleux carbone ! A cette époque on parlait d’ailleurs plutôt que de pêche à la mouche, de « pêche à la mouche sèche » dans le sens mouche artificielle par opposition à la pêche à la mouche naturelle, à la « volante » comme on disait chez moi ! Et j’ai gardé cette façon de penser et de m’exprimer… J’y ai réfléchi et si on appelle aujourd’hui palm, pêche à la mouche, tout ce qui englobe des techniques très différentes, je trouve que ce terme est inexact pour toutes ces pêches pratiquées, certes, avec une « canne à mouche », le fouet, conçu pour propulser par un mouvement alternatif des leurres légers, mais qui propulse en fait , et souvent sans fouetter vraiment, des leurres qui n'ont plus rien à voir avec la légèreté de la mouche sèche et je distingue très nettement
- la pêche à la mouche sèche représentée par la pêche souvent amont à vue et en surface de l’eau ou des gobages , avec un leurre qui flotte et dérive au gré des mouvements de l'eau , la seule vraie "pêche à la mouche " à mon sens, de
-la pêche en mouche noyée, aveugle, en pleine eau, souvent aval et avec un train de plusieurs mouches, 3 en général - la pêche en profondeur à la nymphe à vue (du poisson) ou aveugle (= au fil), où l'on voit rarement "fouetter"car la distance de pêche est très généralement très réduite, mais où le leurre dérive encore selon le courant -la pêche au streamer qui propulse des leurres simulant des poissons, parfois quasiment aussi lourds que les cuillères utilisées à la pêche au lancer, qui ne dérivent pas mais que l'on ramène en "strippant" faute de moulinet à tambour fixe, pour capturer des carnassiers , brochets ou autres, quand ce ne sont pas d'énormes silures....! Rien de commun entre cette "simili" pêche au lancer et la légèreté de la pêche à la mouche sèche..!
Jean Louis Pelletier ne s'y était pas trompé lui qui dans "les nouvelles du moulin", poussait un de ses coups de gueule légendaires," et mettait les points sur les i" en décrivant "le puriste":
"Je
le rencontre pour la première fois: son costume élégant, ses manières aisées,
son langage châtié, sa canne en refendu signée d'un bon faiseur, son large sourire
le rendent sympathique. Après de banales politesses, nous abordons le problème
des divers modes de pêche. Il s'en suit une longue tirade où tout y passe: "lancer
= quincaillerie, vers = destruction, insecte = mesquinerie, etc." Très heureux de cette affirmation, je continue sournoisement mon petit examen. Après les modes de pêche, nous en venons aux mouches. Je comptais ne voir dans les boîtes de mon interlocuteur que des mouches sèches. Quelle erreur ! Au fond, de nombreux casiers figuraient: des mouches "vairons", des mouches "à hélice", des mouches "larves", des mouches "nymphes", des mouches "noyées" ! Je posai insidieusement cette question: "Considérez-vous un vairon comme une mouche ?" J'avais mis dans le mille. - Monsieur, la pêche au vairon est une pêche de braconnier, il n'y a rien de tel qu'un bon vaironneur pour vous vider une rivière. Mais à la mouche "vairon", ce n'est pas pareil, je n'ai qu'un hameçon simple sur ma mouche et ne blesse pas les petites truites. - Alors, si je pêche au vairon naturel avec un hameçon simple, je suis dans les mêmes conditions que vous? - Mais vous n'avez pas compris, pour cette pêche, je me sers de mon matériel mouche et d'un leurre qui est ma "mouche vairon". - En employant le terme de "mouche vairon", vous me faites penser aux pêcheurs au coup avec leur "plume en porc-épic" et aux mécaniciens avec leur "cheval vapeur" et leur "paille de fer". Une mouche est une mouche, un vairon un poisson, une petite bête une larve, une mouche à hélice de la quincaillerie. - Oh ! cette fois, vous allez trop loin, ce sont quand même des leurres que l'on lance avec la canne à mouche. - Bien, pour vous, c'est le matériel qui détermine le mode de pêche! Pouvez-vous me dire comment vous appelez un pêcheur à la mouche qui pêche au ver avec sa canne à mouche? - C'est impensable, c'est un non-sens, vous envenimez la discussion, je ne dirai plus rien. - Eh bien! je vais conclure. Les termes mêmes qui définissent notre mode de pêche sont assez explicites en eux-mêmes. "Pêche à la mouche" c'est tout dire, et pêcher avec autre chose qu'une mouche naturelle ou artificielle, s'appelle "pêche à la larve, au vairon, à l'asticot, à la quincaille". - Assez je vous l'accorde, je ne suis pas un "pur", je ne suis qu'un pêcheur qui prend du poisson à l'aide de son matériel mouche. Vous avez raison, je n'avais jamais envisagé le problème ainsi. .................
************** Moi, j’étais et je reste un pêcheur à la mouche sèche, par goût, et pas du tout par snobisme
Je sais bien, j’ai dit ça un peu par provocation, pour que tu t’expliques alors, explique !! Pourquoi cette « exclusivité ??
Oui , ça vient ! Pour moi, c’est très clair : mon plaisir est de parcourir la rivière, de repérer les signes de l’activité en surface, de fouetter et de poser au mieux…..jusque là je ne me singularise guère de tous les collègues qui pêchent au fouet ou autrement et qui ressentent la même chose je pense, y compris de par tout ce que la nature environnante peut nous apporter… ! Par contre, une fois la mouche, sèche, posée…. à la surface toujours changeante de l’eau qui court , le contrôle de sa dérive, l’attente du gobage…représentent des moments de bien être irremplaçables….parfois majoré par le remous caractéristique du poisson qui s’est fait piéger , mais peu importe la prise….Il m'arrive même, lorsque l'eau est très claire, de plisser les yeux pour troubler un peu ma vue pour ne plus voir que ma mouche et ne pas risquer de voir monter le poisson,...... d'autant qu'alors on ferre en général trop tôt!! Pendant toutes mes années d’intense activité, la seule échappatoire pour fuir les soucis , a été la pêche à la mouche sèche, la rivière le seul endroit où je me vidais sans problème la cervelle ..on a tous besoin de ça, non ?? …….et, …pendant toutes ces années..il m’est arrivé bien souvent de ne trouver le sommeil que grâce à ces images de ma sèche dérivant dans un couloir entre deux sames de ma rivière préférée, et dans l’attente….que je repassais en boucle dans ma tête pour chasser les soucis qui m’en auraient privé, et m’endormir…. ! et ça a marché…toute ma vie…j’ai trouvé le sommeil grâce à ces images! Tu comprends ça ?
Oui, très bien, on est tous un peu comme ça…besoin d’échapper d’une façon ou d’une autre du quotidien pour se relaxer vraiment, mais pourquoi pas la noyée, la nymphe, le streamer… ? Justement !!Il y a, dans ces images pour moi si efficaces, une sorte de magie….une espèce de « No Mans Land » sous la surface, de pays merveilleux des contes de fée de notre enfance, et peuplé de poissons…. Bien plus beaux dans mon imagination que tous ceux que je pourrais voir. ! Inenvisageable pour moi de traverser la surface et de supprimer ainsi cet inconnu que j’ai gardé intact et qui fait tout le charme de mon attente, pour le remplacer par la banale réalité….au point que j’ai constaté que mes yeux, qui seraient capables, tout comme les tiens, de traverser la surface pour scruter plus profond, comme lorsque je repérais les vairons les paquots ou les moutelles, s’y refusaient instinctivement…… ! Je ne VEUX pas voir ce qui se prépare « dessous »..j’ai besoin de ne pas savoir, d’ignorer pour mieux imaginer et espérer…. pour être surpris ou déçu, peu importe pourvu que j’attende en rêvant… !
**************
Il y a des années, alors que j’étais en vacances dans la région de mon enfance, je suis retourné au bord de la rivière , là où pour la première fois mon ami de toujours, mort très jeune par la suite, m’avait initié à la mouche :c’était un endroit à 100m de la route, repéré par plusieurs hauts peupliers, il fallait passer les barbelés, traverser le pré parmi le troupeau de vaches pour accéder à un endroit où la rivière après un coude, s’élargissait et ralentissait avant de dévaler un courant de 20m ! Il y avait à droite en aval, juste avant le début du courant, une grosse souche sous laquelle nous avions déjà pris, en quelques années, plusieurs truites au lancer, et en face un couloir entre la rive et les sames, dans lequel étaient toujours postées une ou deux truites ; c’était le début aval de notre parcours habituel préféré ….. !! J’ai cru que j’étais devenu fou, la rivière n’était plus là !! Je me suis demandé si je ne m’étais pas trompé, mais ça n’était pas possible…et il a fallu me rendre à l’évidence : le lit était à sec, sinistre avec la vieille souche pourrie sur la droite, des mauvaises herbes et des orties entre les galets…….je n’ai jamais rien vu de plus triste depuis!! Une simple tranchée de 10m de large, d’à peine 50cm de profondeur, malpropre, déjà en voie de comblement, sans mystère avait remplacé la rivière de mes 15 ans, et la réalité m’était révélée sans besoin de polarisantes……..je crois que j’ai pris un coup de vieux ce jour là……j’ai retrouvé la rivière 30m plus loin, déplacée par les crues de l’hiver,….moins belle que dans mon souvenir, et je ne suis plus jamais retourné dans ce coin là ! Alors mettre des polarisantes, supprimer le charme de l’inconnu pour être confronté à la simple réalité……. pour prendre plus de poisson, sans doute mais à quel prix !! Trop cher pour moi.. tu piges??
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Oui, je crois que je commence…alors la noyée ??
La noyée ?? Pour moi, sans intérêt ! Il m’est arrivé, comme à nous tous, en fin de dérive, de ramener ma mouche perdue de vue et de sentir alors qu’il y avait un poisson de pris…ma réaction est alors non pas de me dire « chic j’en ai un », mais « merde, je l’ai raté »……car j’ai raté en fait l’essentiel..pour moi..tu comprends ??
Tu me diras que je pourrais tout aussi bien pêcher en noyée et rêver à ce qui se passe dessous en attendant le choc du contact mais…je ne fonctionne pas comme ça, je n’y peux rien !!
Il en est de même pour le streamer, peu différent à mon sens de la pêche au lancer !D’accord, on fouette au lieu de lancer d’un seul jet, mais on ramène à l’aveugle, en « strippant » et le streamer ressemble plus aux cuillères que j’ai abandonné il y a bien longtemps, qu’à une mouche sèche….. et il lui manque toujours pour moi l’essentiel…. !
Et la NAV ou la NAF ??
Là c’est autre chose, mais ça revient au même, pareil !! Toi quand tu es en wading, tu scrutes l’eau et tu vois du poisson, et si je suis près de toi tu me dis :" tu as vu la il y en a une " et tu es tout excité…alors que moi tout ce que je demande, c’est de ne pas voir …car à partir du moment ou j’ai vu…il n’y a plus de mystère, plus d’inconnu, impossible de fantasmer et je commence à m’emmerder,……Bon, j’ai vu un poisson….et alors, j’en vois des plus gros tous les samedis sur l’étal du poissonnier au marché, et des plus jolis dans le bassin de mon jardin !!Et il sera toujours moins séduisant que tous ceux de mon imagination ! En plus si je l’ai vu il y a de grandes chances qu’il m’ait vu aussi……et on n’a plus rien à se dire.. pas la moindre envie de lui poser le casse croûte devant le nez pour le voir le prendre ou le refuser ..quant à la NAF...pas grande différence avec la pêche au toc, respectable par ailleurs, mais rien à voir avec la pêche à la mouche
L’inconnu, je te dis, le rêve, l’imagination, la magie du fantasme, cette fiction qui dépasse la réalité… !!! C'est d'ailleurs une procédure cérébrale normale qui préserve l'équilibre mental, et qu'il ne faut pas perturber en cherchant à les réaliser, les fantasmes, sous peine de déception grave, évidemment!! C'est bien établi, tout comme la semi nudité dans la pénombre qui permet de rêver dépasse en charge émotionnelle la nudité crue qui n'a rien à cacher et ne stimule donc plus l'imagination
Alors les mecs qui pêchent en NAV manquent d'imagination, ne fantasment pas, sont déséquilibrés??
Arrête de dire des conneries..bien sûr que non...simplement ils rêvent, fantasment autrement, ont d'autres images ....c'est tout...chacun son truc! Plus j’y pense, plus je me dis que la mouche sèche, pour moi, c’est un peu comme si j’aimais passionnément une femme exceptionnelle au point de ne plus en voir aucune autre !
Ah bon, t’es capable de ça, toi ??… t’es fidèle à ce point là ??..au point de ne plus monter aucune autre canne que ta canne à mouche ni aucune autre femme.....
Ben…oui, enfin, comme tout le monde,….euhhhhh …mais qu’est ce que t’as dit ??….bon, on arrête, et on revient à la pêche à la mouche sèche, pour moi la plus belle, pour ne pas dire la seule !!
…alors revenons à nos…poissons !! Tu ne deviendrais pas un peu gâteux par hasard ??..en train de retomber en enfance. ??.Ou plutôt, non..tu n’en est jamais sorti…c’est ça, t’as gardé toute ta fraîcheur, tu as besoin de croire encore aux fées, au Père Noël …en somme, t’es resté un peu « arriéré .. !!!
Ben.., si tu veux….mais c’est tout ce que j’ai trouvé pour ne pas vieillir trop vite…tu connais un meilleur moyen ???
Tiens, lis donc çes quelques lignes d'anthologie sous la plume de William Humphrey dans "la course amoureuse":
"Merveilleuse obstination du puriste de la mouche sèche! Les chances qu'il sait être contre lui, et malgré cela, ou à cause de cela, son opiniâtreté, sa fière indifférence au succès grossier, sa faculté de se concentrer sur les moyens, non sur les fins! Imaginons-le au bord d'une eau où la pêche soit libre, une eau sans restrictions quant au matériel et aux appâts. Arrive un pêcheur au ver, son panier rempli de poissons. Non seulement le pêcheur à la mouche sèche n'envie pas ses prises, il considère ce lourdaud avec mépris. Arrive un pêcheur à la cuiller, un de ceux à qui son matériel permet de pêcher dans des endroits touffus où le pêcheur à la mouche ne peut pénétrer et qui, avec ses leurres de métal, a attrapé sa limite. "Un quincaillier", c'est ainsi que l'appelle le pêcheur à la mouche sèche. Arrive ( nous escaladons, échelon par échelon, cette fameuse échelle sociale, ami lecteur ) un homme qui pêche avec des mouches, mais des streamers, qui imitent non pas des insectes, mais des vairons. Les gros poissons se nourrissent de vairons, et donc ce pêcheur aussi a son panier rempli. Arrive un pêcheur à la mouche noyée; les mouches noyées imitent les insectes mais sont utilisées sous l'eau. Ce pêcheur-là a aussi des poissons, pour une raison statistique qui va être expliquée. Avec divers degrés d'intolérance, l'homme à la mouche sèche les regarde tous de haut. Pour lui, comme dit une vieille chanson, ce n'est pas ce que vous faites qui importe, c'est la façon dont vous le faites. Son panier peut bien être vide ( il se peut qu'il n'y ait même pas de panier; il se peut qu'il appartienne au groupe le plus fermé de tous: ceux qui n'auraient jamais l'idée de tuer une truite, qui remettent à l'eau tout ce qu'ils prennent ), mais il ne changera pas, tout en sachant aussi bien qu'eux, en fait mieux qu'eux, que les gros poissons, la sorte qu'il recherche lui aussi, se dérangent rarement pour un morceau de nourriture qu'il faudrait peser avec des balances de diamantaire, et qu'il sait que toutes les truites, même les petites, ne prennent qu'environ dix pour cent de leur nourriture à la surface de l'eau, où il pêche. Et l'étrange chose est que, tout en le considérant comme un peu dérangé et en faisant sur lui beaucoup de plaisanteries, au fond d'eux-mêmes les autres types de pêcheurs ont une admiration furtive pour son donquichottisme et lui cèdent sa place au sommet de l'échelle, sans rancune."
ET CELLES DE ALBERT PETIT DANS LA "TRUITE DE RIVIERE": Ne vous parlant que de la truite, encore ne vous enseignerai-je qu'une seule manière de la pêcher: la mouche artificielle. C'est après mures réflexions que je me suis décidé à limiter ainsi notre causerie. Si j'en exclus les autres procédés de pêche longuement décrits dans la plupart des ouvrages techniques, c'est que dans ma conviction intime la pêche à la mouche artificielle est incomparablement supérieure à toutes les autres. Certes, on prend beaucoup de truites en se servant d'insectes naturels, de petits poissons vivants, morts ou artificiels et même avec d'humbles vers de terre. Mais quelle différence entre ces moyens vulgaires et la mouche de plume! Quelle lourde prose à côté de notre poésie! " ET MIRAMONT LUI- MÊME:
Tout comme Roberto Pragliola , le génial inventeur de la TLT.
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Bon, tu les prends, ces lunettes ?? Mais fais gaffe…bonjour lunettes, adieu……
Dis donc,…….. tout ce baratin, ça ne serait pas des fois uniquement pour t’en débarrasser… de ces lunettes?? Tu n’aurais pas un problème, par hasard… que tu espères régler par "adieu lunettes,.. bonjour."..? Tu crois toujours au Père Noël,. mais tu n’es pas si « arriéré » que ça , finalement hein ??
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